ArcelorMittal ferme son usine à Trinidad-et-Tobago

La joie des salariés de l'usine de Trinidad à la sortie du tribunal
Le groupe ArcelorMittal vient de décider de fermer son usine à Trinidad. Les 644 employés venaient tout juste de remporter une bataille juridique locale contre le géant mondial de l’acier, quand le communiqué est tombé.
Leur joie aura été de courte durée : jeudi dernier, les tribunaux trinidadiens, saisis par un syndicat de travailleurs, ont statué en faveur de ces derniers en estimant que la procédure de mise à pied imposée par ArcelorMittal à des centaines d'employés en décembre dernier était illégale, et que l’entreprise devait leur verser leur salaire intégral jusqu’à la fin du mois d’avril.

La société a également été condamnée à une amende de 24.000  dollars trinidadiens, soit environ 3.300 euros, pour «action collective illégale». Mais le lendemain de cette victoire sur le plan judiciaire, l’information est tombée sous la forme d’un communiqué : le groupe ArcelorMittal ferme son usine, et se désengage de Trinidad. Un courrier qui aurait été envoyé au Ministre du travail avant que le jugement du tribunal soit publié.

L’acier bon marché de Chine en partie responsable


ArcelorMittal explique que, en plus d'enregistrer des pertes nettes depuis 2009, la société est en situation de "détresse financière grave", depuis la seconde moitié de 2015. La cause viendrait d’une combinaison de facteurs locaux et internationaux, notamment l’arrivée sur le marché international d’acier peu cher en provenance de Chine, la surproduction mondiale et l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité.

Le groupe ajoute que, "En outre, les augmentations proposées pour les frais de location du port, les taxes foncières annoncées et les impôts ont également contribué à l'insolvabilité de l'entreprise."  ArcelorMittal dit avoir eu des discussions avec le gouvernement et d'autres partenaires afin de trouver une solution autre que la fermeture, y compris la vente ou le transfert au gouvernement, mais ces discussions n’ont pas abouties.

Des conséquences douloureuses pour Trinidad


Le Premier Ministre de Trinidad Dr. Keith Rowley a qualifié cette décision de "punitive et irrespectueuse à l'extrême", tandis que le ministre du Travail Jennifer Baptiste-Primus estime que la perte de plus de 600 emplois est une "véritable tragédie". Pour le Président de la Steel Workers Union (SWUTT) Christopher Henrydit, la fermeture de l'entreprise mettra un énorme fardeau sur une économie déjà en difficulté, et il appelle le Premier ministre Rowley à intervenir. 

À la suite de la décision d’ArcelorMittal de liquider ses actifs, les employés vont perdre leurs pensions et gratifications. La société a annoncé le paiement d’un mois de salaire et autres cotisations, qui seront versés avant le 31 Mars.

Le groupe numéro 1 mondial de l’acier en difficultés


Dans le même temps, le groupe qui emploie 8500 personnes au Mexique vient de signer un accord qui met fin à une grève démarrée le 4 mars. Après la fermeture récente d’une usine sur la côte pacifique du Mexique, ArcelorMittal  accepte de verser des indemnités à 81 salariés et en reclasser 125 autres. Une broutille dans l’immensité des difficultés du groupe, numéro 1 mondial de l’acier, depuis qu’il y a dix ans, l’indien Lakshmi Mittal a absorbé Arcelor, alors numéro 2 mondial. Depuis, portée par l’envolée de la demande en acier, le géant n’a cessé de racheter des aciéries déficitaires dans le monde, dont celle de Trinidad. Une stratégie aujourd’hui critiquée car le cours de l’acier s’effondre, et l’action d’ArcelorMittal aussi.

Pour mieux comprendre, lire cet article du journal Libération.