Assassinat de Vanina : la santé mentale de l'accusé au coeur du procès

Ce lundi 31 janvier s'ouvre le procès de Mari Ridai-Mdallah, accusé du meurtre avec préméditation de sa petite amie en mai 2018. La cruauté des faits comme le discours déroutant de l'accusé vont placer sa santé mentale au cœur des débats.

C'est à 14h ce lundi 31 janvier que six jurés tirés au sort prendront place dans la cour d'assises, pour faire face à l'horreur.

Dans le box, Mari Ridai-Mdallah, 34 ans, devra répondre de l'assassinat de sa petite amie Vanina Galais, tuée à coups de couteau puis mutilée dans l'appartement du suspect à Sainte-Marie la nuit du 2 au 3 mai 2018.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Assises : le procès Vanina s'ouvre demain


Le procès, prévu pour durer quatre jours, devra faire la lumière sur la nature des relations entre le jeune homme déjà très connu de la justice et sa victime, étudiante en médecine de 19 ans sans histoire.

Surtout, les jurés devront s'attarder sur la personnalité inquiétante de l'accusé, dont l'état de santé mentale a fait débat tout au long de l'instruction.

Scène d'horreur

Car c'est une scène de crime d'une particulière cruauté que les gendarmes découvrent vers 2h30 du matin à La Convenance ce 3 mai 2018, au domicile de Mari Ridai-Mdallah. Le corps sans vie de Vanina est retrouvé "ouvert de l'abdomen jusqu'à la mi-hauteur du dos, vidé de son sang et de ses organes" note le magistrat ayant instruit l'affaire.

Juché sur les toilettes où il a jeté les viscères de sa victime ainsi que des effets personnels, Mari Ridai-Mdallah doit être maîtrisé à l'aide d'un Taser après de longues minutes de tentative de négociation.

En garde à vue, l'homme semble instable, passant d'un état comateux à une colère soudaine, allant jusqu'à tenter de subtiliser son arme de service à un gendarme en le menaçant de mort.

"C'était le diable"

Placé sous sédatif, puis jugé apte à l'interrogatoire, le jeune homme varie entre propos cohérents et terrifiantes divagations. Récemment rentré de Mayotte où il a consommé de la chimique, le suspect indique que "Dieu lui a demandé de tuer cette jeune fille avec un couteau pour sauver l'humanité."

Vanina "était le diable" déclare-t-il, reconnaissant plusieurs coups de couteau portés au niveau du cou de la victime dont les bras étaient attachés avec un câble de téléphone. D'autres fois, il évoque son intention de "la découper en petits cubes et la mettre dans une cocotte", dans un fantasme cannibale revendiqué.

Au fil de l'instruction, un mobile semble pourtant apparaître, le mis en examen confiant lui-même l'intention de Vanina de rompre avec lui, ou le fait qu'elle ait rencontré quelqu'un d'autre pendant son séjour à Mayotte.

Expertises contradictoires

Les experts ont du mal à s'accorder sur l'état psychiatrique de l'accusé. "Extrêmement dangereux, inaccessible à une sanction pénale" pour un premier médecin. "Aucune motivation pathologique ni trouble dissociatif" pouvant expliquer ce passage à l'acte selon un psychologue qui note "des réponses structurées" de la part du mis en cause.

Une nouvelle expertise menée en octobre 2018 retient "une abolition du discernement" et une "extrême dangerosité criminologique en raison de sa personnalité psychopathique."

Une ultime expertise viendra pourtant conclure à l'accessibilité de Mari Ridai-Mdallah à une sanction pénale.

"Il n'est pas dans une posture, ou dans un jeu. C'est une personne atteinte d'une pathologie qui est dans la négation de sa maladie"

Me Sébastien Navarro, avocat de la défense

 

La juge d'instruction considèrera pour sa part que le suspect, ayant fourni "des déclarations précises et circonstanciées, révélant sa capacité à adapter son discours aux pièces de la procédure",  "(…) il appartient à une juridiction criminelle de statuer sur la responsabilité de l'intéressé."

"Il n'est pas dans une posture, ou dans un jeu. C'est une personne atteinte d'une pathologie qui est dans la négation de sa maladie" estime Me Sébastien Navarro, qui assurera la défense de Mari Ridai-Mdallah devant la cour d'assises. L'homme encourt la réclusion à perpétuité.

Pour les parties civiles, représentées par Me Fabrice Saubert, il s'agira de "d'aller au bout du procès en gardant la tête haute en mémoire de Vanina, en espérant que cette personne particulièrement dangereuse soit condamnée."

Ce lundi 31 janvier 2022, la première journée de procès était consacrée à la relecture des faits, dans les moindre détails. La famille et les proches de la jeune femme ont assisté à cette première journée de procès.

(Re)voyez le reportage de Rabiah Issa et Laurent Figon :

Procès Vanina : les témoins racontent l'horreur

 

Un verdict est attendu ce jeudi.