La Confédération générale du travail de la Guadeloupe (CGTG) et trois salariés de la Centrale de la Pointe Jarry (Baie-Mahault) ont été assignés en référé, par l’entreprise de Production d’énergie insulaire (EDF-PEI) ; parmi eux, figurait Nathanaël Vérin, délégué syndical FE-CGTG sur le site de production d’électricité.
Tous étaient convoqués devant la Chambre civile du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, suite au black out des 25, 26 et 27 octobre derniers, dans l’archipel ; un évènement que le syndicat avait lui-même expliqué comme étant un "coup de colère" de salariés grévistes, qui se seraient introduits dans la salle de commande de la Centrale.
C’est justement pour leur interdire l’accès aux lieux stratégiques de l’infrastructure, que l’employeur a lancé cette procédure.
L’audience s’est tenue ce mardi 29 octobre 2024 ; elle a débuté à 14h00.
La décision du tribunal sera connue jeudi 31 octobre, en fin de matinée.
Un conflit social qui dure depuis plusieurs semaines
Les débats du jour ont tourné au rappel des faits, qui ont débuté il y a près d’un mois et demi.
Les salariés d’EDF-PEI affiliés à la Fédération de l’énergie (FE-CGTG) sont en grève depuis le 15 septembre. Depuis, la population a subi plusieurs épisodes de délestages, du fait de l’arrêt de moteurs de la Centrale de la Pointe Jarry.
Les négociations entre partenaires sociaux, menées sous la houlette de la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DEETS), sont au point mort depuis que le 18 octobre.
Les grévistes dénoncent le fractionnement de leurs congés payés.
EDF-PEI clame qu’un équilibre est impératif, entre le droit de grève et la continuité du service publique.
Or, le 25 octobre, tous les moteurs ont été arrêtés, privant tout l’archipel de courant.
L’entreprise dénonce aussi des "entraves au redémarrage", des "refus de répondre aux ordres de la direction", des "sabotages" et une "entrave à l’exigence constitutionnelle du service publique".
Pour le syndicat à l’origine du mouvement social, la procédure en référé de ce mardi est une "mesure disciplinaire détournée" orchestrée par l’employeur.
Une salle de commande à protéger ?
"C’est un honneur pour moi de représenter ces salariés, salis par leur employeur et critiqués par une population" a déclaré Maître Gélabale. L’avocate des grévistes convoqués a aussi affirmé qu’il "ne peut pas y avoir de grève, sans qu’il y ait quelques désordres". Or, 85% des agents de conduite sont mobilisés.
Pour EDF-PEI, l’urgence est de sanctuariser la salle de commande, afin de parer à tout nouveau défaut de distribution d’électricité aux abonnés. L’entreprise demande donc notamment qu’une interdiction d’accès à ce lieu soit prononcée, à l’encontre des personnes assignées, ainsi que le déblocage des accès à la Centrale.
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Les suites judiciaires de la coupure généralisée de l’électricité dans l’archipel, du 25 au 27 octobre 2024, semblent ne pas devoir s’arrêter là.
Le Syndicat mixte d’électricité de la Guadeloupe (SyMEG), autorité de distribution de l’électricité localement, envisage de porter plainte contre son concessionnaire, EDF-SEI (Système énergétique insulaire), en tant qu’organe de contrôle de ce dernier. En effet, en novembre 2023, ces deux entités ont cosigné un nouveau cahier des charges qui les lie pour 30 ans. EDF doit assumer ses responsabilités, estime Daniel Dulac, président du SyMEG.
Par ailleurs, EDF a porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "dégradations", après l’évènement qui a privé tout le territoire d’électricité. Le rétablissement total du service est intervenu 39 heures et 28 minutes après la coupure généralisée.