L’économie Polynésienne défie toutes les statistiques avec le plus faible taux de variation des prix à la consommation en outre-mer et dans l’hexagone ces douze derniers mois, a annoncé le président Brotherson dans son discours de la matinée, devant les forces vives du fenua présentes dans l’hémicycle.
PIB en hausse
La variation des prix à la consommation est de 1,2% en Polynésie contre 1,9% en Métropole.
La croissance se poursuit se réjouit le président du pays avec un produit intérieur brut qui progresse de 3% en 2023 et qui atteint un niveau historique avec 706 milliards Fcfp grâce notamment au tourisme. Le premier secteur économique du fenua a accueilli 261 000 visiteurs.
En matière touristique, l’augmentation de 1,3% de nos visiteurs internationaux, de janvier à août 2024 avec les nouvelles niches prometteuses : un marché chinois de 7000 nuitées en 2023 contre 11 000 nuitées fin août 2024.
Selon le président du pays, « il est vital de consolider et rééquilibrer notre desserte domestique, il y a de la place pour tous les opérateurs » évoquant les difficultés financières à nouveau rencontrées par la compagnie locale Air Moana.
L’indicateur du climat des affaires est en hausse avec le nombre de demandeurs d’emploi qui est enfin descendu sous la barre de 9 000 personnes rajoute Moetai Brotherson et la masse salariale a augmenté de 7% en 2024 venant renforcer les comptes de la PSG, protection sociale généralisée.
En trois ans, le nombre de travailleurs est passé de 65 000 à 74 000, selon Patrick Galenon, président du conseil d'administration de la caisse de prévoyance sociale. Mais n'oublions pas ce chiffre évoqué par le nouveau ministre de l'Économie Warren Dexter après sa nomination : les « 55 000 exclus » de la société polynésienne, qui pourraient devenir « une poudrière » à terme.
Gros dossier de la PSG
En matière sociale, il a été question de la réforme tant attendue de la PSG. Un « gros dossier à 165 milliards Fcfp » rappelle Patrick Galenon. Elle est « prête » selon le président et devrait favoriser la création d'emplois avec une meilleure appréhension des revenus. Mais le spectre d’un impôt sur les hauts revenus est de retour, dénonce l’opposition.
Est-ce que ça sous-entend qu’il y aura une taxation supplémentaire sur les revenus ?
Teva Rohfritsch, Sénateur de la Polynésie française
« Deux points attirent mon attention. Cette réforme de la Protection Sociale Généralisée qui serait prête : je pense qu’elle mériterait un débat citoyen important avant qu’on ait le débat à l’Assemblée de la Polynésie française, parce qu’elle va engager toute la société polynésienne. (...) Et puis le mot n’a pas été prononcé mais on sent qu’il y a une réforme fiscale également qui va arriver, on parle de mieux appréhender les revenus. Est-ce que ça sous-entend qu’il y aura une taxation supplémentaire sur les revenus ? Est-ce qu’on parle d’impôts sur le revenu ? Ce sont des questions qui viennent puisque le président n’a pas été au bout des annonces qu’il a faites. Mais c’est normal, c’est le discours d’ouverture » réagit le sénateur Teva Rohfritsch.
On a eu aucune annonce. Donc on est un peu inquiet à l’ouverture de cette session.
Nuihau Laurey, élu non-inscrit
L'analyse de l'élu non-inscrit et ex-argentier du pays Nuihau Laurey va dans le même sens que celle du sénateur. « À l’occasion de l’ouverture de la session, généralement le président annonce les mesures fortes qui vont être prises durant l’année. On a eu aucune annonce. On a eu par contre effectivement du président, un satisfecit : finalement tout va bien. Il nous a cité des chiffres positifs du tourisme. Des chiffres positifs sur le bâtiment, sur l’emploi, sur l’agriculture. En réalité, rien ne s’est passé depuis un an. Sur la réforme de la PSG, on attendait des annonces fortes, aucune annonce n’a été faite. Donc on est un peu inquiet à l’ouverture de cette session », regrette le représentant.
Certains aiment à me reprendre lorsque je leur dis tout ne va pas si mal. Je serai enclin désormais à dire que tout va bien mieux.
Moetai Brotherson, président de la Polynésie
Mais Moetai Brotherson est bien décidé à rester optimiste. « Certains aiment à me reprendre lorsque je leur dis tout ne va pas si mal. Je serai enclin désormais à dire que tout va bien mieux (...). Depuis la suppression de cette taxe sociale, est-ce que les prestations familiales ont été suspendues ? Est-ce que les retraites ont été suspendues ? Est-ce que qu’on a arrêté de rembourser la maladie ? Non. Donc à un moment donné, il faut arrêter de crier au loup. Ce n'est pas comme ça que nous concevons la politique. Nous avons cette réforme, elle est écrite, elle a été présentée au comité de majorité qui l’a validé. C’est une réforme qui est phasée sur 2025, 2026, 2027, 2028. Maintenant, c’est la phase de présentation aux partenaires sociaux. Elle arrivera sur les bancs de l’Assemblée dans les semaines qui viennent » expose-t-il.
Budget 2025 voté prochainement
En matière budgétaire, le cap reste inchangé avec une révision de la fiscalité et le secteur de l’immobilier et du logement, fortement soutenus en 2025 en plus du soutien du BTP avec 14 milliards de travaux pour le réaménagement des routes destinés à fluidifier la circulation à Tahiti.
Autre satisfaction du Président : le nombre de boursiers, qui est passé de 600 à 2 000 étudiants. Le budget dédié à la jeunesse est valorisé de 25%.
L’OPH aussi bénéficie d’une augmentation de son budget, pour la construction de Fare.
Les patrons des patrons qui ont de meilleures relations avec le nouveau ministre de l’Économie et des Finances Warren Dexter sont plutôt rassurés par le discours du président mais Steeve Hamblin, président du Medef, regrette que Moetai Brotherson n’ait pas évoqué les prémices de la prochaine crise américaine.
Les priorités du président concernent avant tout l’emploi et l’entrepreneuriat. Objectif affiché : encourager les projets publics ou privés. Et concernant les exonérations fiscales sur le foncier pour les investisseurs étrangers, Moetai Brotherson est clair à ce sujet : « Je rappelle ici, à toute fin utile : il n’est pas question de vendre ces terres, mais bien de les proposer à la location. »
Le débat d'orientation budgétaire (DOB) est prévu début octobre. Le projet de budget, lui, sera examiné par les élus début décembre.