Ils étaient une trentaine d'agriculteurs ce mercredi matin devant les grilles de l'usine du Gol à Saint-Louis. La météo maussade reflétant fidèlement l'état d'esprit des planteurs découragés par les chiffres obtenus en début de campagne.
Installé sur les hauteurs de la commune des Avirons, Freddy Lallemand dispose d'une parcelle de 7 hectares de cannes. Un mois après le début de la coupe, il collectionne des rendements bien en-dessous de ceux habituellement enregistrés. "En 4 voyages, pas une fois la richesse en cannes de mes chargements n'a dépassé les 12 points" explique le planteur dépité. Il faut dire que le taux de richesse retenu pour le calcul de de la rémunération de la tonne de canne a été fixé à 13,48 points cette année.
Les planteurs travaillent à perte
"C'est simple, avec un tel taux de richesse, les planteurs travaillent à perte" s'insurge Jean-Michel Moutama. Le président de la CGPER explique qu'avec un taux de richesse inférieur au seuil de référence, les agriculteurs seraient amenés non seulement à ne pas percevoir de bénéfice, mais ils pourraient même être amenés "à rembourser une partie de l'avance perçue".
Inacceptable. D'autant que le cas de Freddy Lallemand est loin d'être isolé. Toute l'île est concernée. Le secteur géographique du bassin cannier du Gol à Saint-Louis est juste plus impacté que les autres. Les fortes pluies n'expliquent pas à elles seules ce revers.
Les variétés de cannes remisent en question
"Nous observons une minoration des taux de richesse de plus d'un point en moyenne" confie encore Jean-Michel Moutama qui pointe du doigt les nouvelles variétés de cannes. "Depuis que nous utilisons des cannes mixtes, sucre et fibre, nous avons perdu en rendement" raconte encore le président de la CGPER.
Le reportage de Daniel Bénard et de Jacques Payet
Certes les planteurs bénéficient d'une prime de 12 euros attribuée pour la bagasse. Une prime insuffisante pour compenser les pertes selon la CGPER, qui demande aux usiniers de reconsidérer le mode de calcul de la rémunération des planteurs, à défaut de revenir sur des variétés de cannes plus gorgées en sucre.