La campagne sucrière s’éternise à Marie-Galante

Démarrée le 27 avril, la campagne sucrière à Marie-Galante n’est toujours pas terminée. La fin de la récolte a été repoussée au 1er août. L’usine, avec sa vieille chaudière, a du mal à venir à bout des 78 000 tonnes de canne.
Une longue campagne pour une petite récolte… Lancée le 27 avril avec plus de six semaines de retard, la campagne sucrière à Marie-Galante joue les prolongations… La fin de la récolte, qui avait été fixée au 24 juillet, a été repoussée au 1er août, selon la décision prise vendredi par la commission mixte de bassin. La balance de la sucrerie de Grand’Anse fermera ainsi à 18h ce samedi. 
Après déjà trois mois de campagne, l’usine a réceptionné 72 000 tonnes de canne, sur les 78 000 tonnes prévues. Il reste donc environ 6 000 tonnes à livrer, selon les opérateurs de coupe. Car si la sécheresse a entraîné une baisse des rendements à l’hectare, une partie de la production destinée initialement aux distilleries de l’île, a été réorientée vers la sucrerie, du fait des méventes de rhum, liées à la crise sanitaire du COVID (interruption des transports maritimes, absence de touristes…).
 

Faible cadence de l’usine

La réalité est là : l’usine tourne au ralenti, avec actuellement 1 500 tonnes de canne en attente de broyage. Depuis le début de la récolte, elle affiche une cadence moyenne journalière de 1 100 tonnes seulement. Pourtant, elle a bien atteint un pic de 1 800 tonnes par jour en première période de campagne. Selon les dirigeants de la SRMG (Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante), certaines entreprises de coupe n’ont pas été alors en mesure de fournir leur quota. Autrement dit, l’usine aurait manqué de matière première au moment où elle tournait bien…
Mais l’outil industriel est surtout tributaire de son unique chaudière à bagasse, qui lui fournit l’énergie nécessaire (électricité et vapeur), en attendant d’être couplé à la future centrale thermique d’Albioma (bagasse et autre biomasse locale). Or cette chaudière est sous-dimensionnée et vétuste. Les fuites d’eau diminuent la pression. Ces pannes récurrentes ont entraîné notamment un arrêt de quatre jours début mai. 
 
Chargement de cannes-à-sucre, en attente de pesée (illustration).
 

Une bonne richesse saccharine

Grâce au temps exceptionnellement sec qui a dominé la récolte, le démarrage tardif de la campagne n’a pas été préjudiciable à la richesse saccharine. Le taux atteint 10,30 en moyenne cumulée. Il est redescendu actuellement à 9,70, avec le retour des pluies depuis deux semaines. La présence de boue dans les chargements dégrade désormais aussi la qualité du combustible de la chaudière et contribue à la ralentir… Résultat : la canne s’accumule dans la cour de l’usine, ou attend au champ depuis parfois plus de deux semaines après la coupe. 
Ces conditions de réception de la canne n’encouragent pas la coupe mécanique, qui a tout de même légèrement progressé par rapport à l’an dernier sur la grande galette, passant de 10% à 18% du volume récolté. La canne coupée à la main a au moins l’avantage de conserver plus longtemps son saccharose…
 

La campagne 2021 mal engagée

La fin tardive de la campagne 2020 va se répercuter sur la prochaine récolte, qui ne pourra démarrer tôt. Les travaux de replantation sont par ailleurs retardés et vont devoir se limiter cette année à 200 hectares, au lieu des 220 prévus. Or, la relance de la production passe en particulier par ce renouvellement des plus vieilles parcelles. Et la campagne 2021 sera également impactée, comme en Guadeloupe dite continentale, par la longue sécheresse de cette année : le retard de croissance des cannes-rejetons (surtout celles coupées en début de saison) ne pourra être rattrapé et se traduira par une nouvelle baisse des rendements. 
Quant à la sucrerie de Grand’Anse, elle va devoir fonctionner encore plusieurs années avec sa vieille chaudière, et donc investir pour la fiabiliser. Car les travaux de construction de la centrale thermique, qui devait être opérationnelle en 2022, n’ont toujours pas démarré…