Qu’en est-il de l’indemnisation des victimes du Chlordécone, dans les Antilles françaises ?
Selon les associations mobilisées sur ce sujet, seuls 137 accords d’indemnisation ont été trouvés, à ce jour, au titre du fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, créé en 2020 : 52 en Guadeloupe et 85 en Martinique. Pour arriver à ce (maigre) résultat, 181 dossiers ont été étudiés : 72 en Guadeloupe et 109 en Martinique.
Des critères très restrictifs
Les accords en question ne concernent pas tous des dossiers Chlordécone. Le dispositif s’adresse aux anciens et actuels travailleurs des secteurs utilisant des pesticides, principalement agricoles, atteints d’une maladie.
Le cancer de la prostate, dont un lien a été établi avec les fonctions assumées par ces ouvriers, figure en haut du tableau des maladies professionnelles.
Les conditions pour être éligible à une indemnisation restent encore très restrictives, au goût des défenseurs des victimes de pesticides : il faut notamment avoir travaillé au moins 10 ans au contact de chlordécone (ou autres produits nocifs) et justifier que moins de 40 ans se sont écoulés entre la dernière exposition et le diagnostic du cancer. Ces critères expliqueraient le nombre relativement peu important de demande d’indemnisation, par rapport à l’ampleur de ce qu’associations et collectifs, qui ont entamé des actions en justice, qualifient de scandale sanitaire.
90% des populations exposées au chlordécone dans les Antilles françaises
Le chlordécone est contenu dans les sols, les eaux et nombre de denrées animales et végétales de Guadeloupe et de Martinique, après l’utilisation de ce pesticide dans les bananeraies, entre 1972 et 1993, pour lutter contre un insecte nuisible, le charançon. À ce titre, les ouvriers agricoles de l’époque, qui ont manipulé cette substance nocive, mais aussi les populations qui consomment les produits pollués jusqu’à aujourd’hui, peuvent présenter des pathologies.
L’étude " Kannari", mise en œuvre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et Santé publique France, en 2013-2014, révèle que le chlordécone a été détecté chez plus de 90 % des individus des Antilles françaises.
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