Laura NC cumule 180 000 abonnés sur les réseaux sociaux où elle propose des contenus humoristiques, mêlant sa bonne humeur à des thématiques légères. L'influenceuse montante du pays en a fait sa marque de fabrique. Dans ses vidéos, elle partage aussi son histoire. En 1990, Laura n'est pas née dans le bon corps. Elle le comprend très vite. Sa conviction se renforce en grandissant.
Quand j'étais très petite, je ne comprenais pas pourquoi on me mettait des shorts et des tee-shirts. Pourquoi les filles avaient-elles le droit d'avoir les cheveux longs et pas moi ? Pourquoi les autres copines portaient-elles des boucles d'oreilles et pas moi ? Cela a commencé à beaucoup me travailler. À la période de l'adolescence, cela a été de pire en pire parce que mon corps s'est révélé. La puberté m'a fait comprendre que je n'étais pas une fille. J'ai eu une longue période de dépression.
Laura NC, influenceuse transgenre
Lorsqu'elle est âgée de 25 ans, la Calédonienne entreprend une transition de genre. Validation psychiatrique, traitement hormonal, intervention chirurgicale et changement d'état civil... Sept années se sont écoulées à l'issue des démarches entièrement effectuées en Nouvelle-Calédonie.
"Je révélais mon vrai moi aux yeux de tout le monde"
“Cela a été un chemin à la fois beau et difficile. Le regard des gens, le poids de la société n'est pas facile à porter. Mais je révélais mon vrai moi aux yeux de tout le monde. Me voilà aujourd'hui, pleinement épanouie”, confie Laura Nouméa.
Pour la jeune femme, l'accomplissement est entier. Son parcours a été rendu plus accessible sur le territoire depuis une quinzaine d'années, à l'initiative du docteur Lacour, aujourd'hui retraité. De jeunes médecins prennent aujourd'hui la relève comme le docteur Bruno Creugnet, endocrinologue.
"Une véritable reconnaissance et une prise en charge"
“Le fait que la société évolue, cela permet probablement aux personnes dans ce parcours difficile, d'accéder plus facilement aux soins. Maintenant, on a une véritable reconnaissance et une prise en charge. Cela permet à tout le monde de pouvoir être aidé et accompagné dans cette transition", explique le docteur Bruno Creugnet.
"Dysphorie de genre"
La dépression résultant du sentiment de ne pas être né dans le bon corps peut toucher les personnes concernées. La communauté médicale parle de dysphorie de genre. "L'équipe pluridisciplinaire et l'endocrinologue vont permettre à ces personnes d'être suivies. Nous vérifions que nous pouvons les accompagner dans cette transition pour qu'elles retrouvent l'apparence physique leur permettant de s'épanouir", éclaire l'endocrinologue.
Le suivi médical n'aboutit pas nécessairement à une intervention chirurgicale. "Dans le spectre aujourd'hui de la dysphorie, on n'est pas homme ou femme. On s'arrête là où l'on se sent bien".
Pas de traitement pour les mineurs
En Nouvelle-Calédonie, les équipes médicales s'occupent seulement des personnes majeures. "Chez les personnes mineures, on démarre le processus, mais on ne peut pas encore mettre en place de traitement et ni de chirurgie", assure Bruno Creugnet.
200 personnes transgenres en Nouvelle-Calédonie
Toutes les compétences sont aujourd'hui réunies sur le territoire. "Nous avons une chance extraordinaire, celle d'avoir eu le docteur Lacour, ancien urologue qui a mis en place tout ce processus. Il est aujourd'hui relayé par le docteur Foulonneau qui a pris sa succession. Les endocrinologues, on est en faible nombre, mais nous sommes assez pour s'occuper des patients transgenres. Le nombre de psychiatres disponibles pour nous aider est fragile. Nous avons une praticienne dans le public, une ou deux dans le privé", détaille l'endocrinologue Bruno Creugnet.
D'après le docteur, 200 personnes transgenres sont répertoriées sur le Caillou.
Plus d'informations dans le journal télévisé du vendredi 3 janvier.