Compagnies aériennes dans la tourmente du coronavirus : l'État "ne peut pas prendre le risque de perdre Air Saint-Pierre"

Le gouvernement prépare un plan visant à sauvegarder les compagnies aériennes mises à mal par la crise du coronavirus, en particulier les petites compagnies ultramarines.

Interrogé sur le plateau de SPM la 1ère, le préfet de Saint-Pierre et Miquelon est revenu sur les craintes exprimées par le personnel de Air Saint-Pierre quant à l'avenir de l'unique compagnie aérienne de l'archipel.
 

Un besoin urgent de trésorerie

 

Jeudi 7 mai, les 49 salariés de l'entreprise lui ont adressé un courrier afin de l'alerter sur les difficultés financières de leur employeur, qui peine à faire face aux besoins de trésorerie afin de verser les salaires et couvrir ses charges de fonctionnement. Selon le pilote Yves Chemla, la compagnie n'aurait plus que quelques semaines de trésorerie d'avance, et les avions risquent d'être cloués au sol dès la fin du mois de juin.

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Refus de réévaluer la délégation de service public

 

Également destinataire de la lettre, le président de la collectivité a jugé "très inquiétante" la réponse négative du ministère de la Transition écologique et solidaire, à la demande de la compagnie de réévaluer sa Délégation de Service Public avec l'État, afin de "faire face au contexte actuel exceptionnel extrêmement difficile pour le transport aérien".

Stéphane Lenormand l'a d'ailleurs écrit récemment à la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Selon les dernières projections mondiales, les restrictions de vols imposées par la crise du coronavirus auraient privé les compagnies de 53% de leur chiffre d'affaires, entraîné une diminution de la fréquentation, et réduit drastiquement le nombre de vols. 
 

 

Un plan gouvernemental de sauvegarde

 

Selon Thierry Devimeux, "l’État a bien conscience que l’ensemble des compagnies aériennes, et pas seulement Air Saint-Pierre, sont en grande difficulté, et en particulier dans les outre-mer où elles sont de taille réduite".
 

"Il est absolument indispensable qu'Air Saint-Pierre puisse continuer à vivre" - Thierry Devimeux


Le préfet confirme que le gouvernement est en train d'élaborer un plan "pour essayer de sauvegarder" ces entreprises de transport. Le représentant de l'État a révélé qu'il est "en contact permanent" avec la direction générale de l'aviation civile à Paris, afin d'envisager les modalités de l'opération pour Air Saint-Pierre.
 

" Les salariés peuvent être rassurés[...], nous ne pouvons pas prendre le risque de perdre Air Saint-Pierre. [...] Elle est absolument nécessaire au développement et au désenclavement de nos territoires ultramarins." - Thierry Devimeux, préfet de Saint-Pierre et Miquelon


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Entretien avec le préfet Thierry Devimeux réalisé par Adrien Develay :
©SPM la 1ère
Air Saint-Pierre, unique compagnie aérienne de Saint-Pierre et Miquelon
Créée en 1964, Air Saint-Pierre est titulaire de la Délégation de Service Public de l'Etat afin d'assurer la continuité territoriale entre Saint-Pierre et Miquelon et l'Hexagone.

A ce titre, elle bénéficie  d'une aide publique, à hauteur de 2,4 millions d'euros par an pour ses rotations avec le Canada, et jusqu'à 800 mille euros pour la liaison estivale avec Paris. Mais le reste de son budget annuel - soit 6 millions d'euros - provient habituellement des recettes de ses lignes commerciales. Or, les restrictions de vols mises en place depuis avril ont fortement affecté l'entreprise. 

La compagnie opère principalement trois liaisons principales avec le Canada, vers Montréal, Halifax et Saint-Jean de Terre-Neuve, grâce à un ATR-42. Son Cessna 406 assure également les liaisons aériennes inter-îles entre Saint-Pierre et Miquelon. Et en été, elle affrète un Boeing 737 de l'opérateur ASL Airlines dans le cadre de vols directs avec Paris.