Paule Letertre-Gibert, médecin (unité des maladies infectieuses du centre hospitalier de Cayenne)
"Il s’agit de patients isolés dans leur campou, en confinement. Des personnes qui restent chez elles, qui portent le masque à chaque fois qu’on passe. Trois personnes désormais bien à distance du début de leurs symptômes. Elles présentent donc de moins en moins de risque de contaminer d’autres habitants. Et sur les différentes missions - nous passons toutes les 48 heures à peu près - nous n’avons pas l’impression qu’il y ait de nouveaux cas symptomatiques apparus ces derniers jours ».
Dimanche, l'agence régionale de santé indiquait que le dernier cas testé positif au coronavirus dans le périmètre de la commune avait été enregistré vendredi (le 1er mai). 21 villageois ont accepté d’être isolés à l’hôtel du Fleuve à Sinnamary. Trois ont refusé de quitter leur logement. « La personne, tu auras beau lui dire qu'elle ne part pas en prison là-bas, que c’est juste pour sauver des vies, elle te dit qu’elle ne va pas bouger. On ne va quand même pas la traîner par la main pour lui mettre la pression », explique Alain Renault, premier-adjoint au maire de Grand-Santi.
Le secteur englobant les campous de Tonka et Monfina a été placé en quarantaine stricte par le préfet le 23 avril. Mais ici, contrairement au dispositif mis en place le mois dernier au village Cécilia à Matoury, la surveillance de la gendarmerie n’est pas effectuée 24 heures sur 24.
Marc del Grande, préfet de Guyane
"On ne fait pas le confinement simplement avec les forces de l’ordre, je l’ai redit plusieurs fois. Et on ne confine pas, on ne met pas en quatorzaine un campou contre sa volonté".
Le campou de Tonka est presque vidé de ses habitants. Juste à côté, ceux de Monfina prennent leur mal en patience. Mais semblent confiants. « Je sais que les gendarmes passent chaque jour, témoigne Marie-Anne Craig, enseignante dans ce campou, et les habitants eux-mêmes, à partir du moment où ils ont entendu parler du Covid-19 dans Monfina, se sont mis à l’abri. Tout le monde se protège ». Daryl Alvarade, directeur de l’école de ce hameau de Grand-Santi, sur la rive du Maroni, rapporte qu'un masque en tissu a été donné à chaque habitant, « et on nous a bien précisé qu’il faudrait le laver à l’eau chaude, à la main. Donc c’est avec ça que chaque villageois se débrouille tous les jours ». L’équipe enseignante est sollicitée pour participer à l’organisation de l’aide – notamment alimentaire - apportée à la population.
Vigilance à Papaïchton, après le passage d'un piroguier testé positif
L’agence régionale de santé (ARS) et le centre hospitalier de Cayenne surveillent également la situation à Papaïchton, où un piroguier s’est rendu. L’homme a été testé positif au covid-19 après son départ. « Suite à cela, l’information a été donnée au niveau de la famille. Donc maintenant, il y a la procédure à mettre en place. Ces personnes-là, en tout cas la famille, n’ont pas de symptômes. Et tant qu’ils n’ont pas de symptômes, ils ne peuvent pas être testés », souligne le maire de la "capitale du pays Boni", Jules Deie. Effectivement, aucun cas positif n’a été enregistré dans la commune, comme le confirme le personnel du centre de santé. "Il y a des sujets qui auraient éventuellement été en contact avec des personnes testées positives, nous surveillons ces gens-là", assure ainsi Jean-Yves Cattin, médecin remplaçant dans la commune.
Plus en amont, à Taluen sur la commune de Maripasoula, le représentant de l’Etat a fait le point samedi sur les besoins de la population en produits de première nécessité. Ici, ce sont surtout les transports en pirogue qui inquiètent la population.
Aïma-Walé Opoya, chef coutumier de Taluen (Maripasoula)
On a quand même très peur, parce qu’au Suriname ça circule. Je vois que les transporteurs montent toujours, ils alimentent les magasins. Ils peuvent être les vecteurs du Covid-19.
Malgré tout, la population de Taluen note une baisse de fréquentation des orpailleurs clandestins dans leur secteur, depuis l’installation d’une unité militaire.