Crise en Nouvelle-Calédonie. Le marché municipal de Nouméa déserté

En semaine, le marché municipal de Nouméa est bien vide, aussi bien sur les stales que dans les allées.
Ambiance plutôt morose au Marché de Port-Moselle, à Nouméa. Tous les exposants déplorent des pertes de chiffre d'affaires de 40 à 80 %, malgré l'apparition d'une nouvelle clientèle avec les renforts de forces de l'ordre.

Les conséquences de la crise n'ont pas épargné le marché municipal de Nouméa. Gérante d'une poissonnerie, Marie garde le sourire mais les temps sont durs. Son chiffre d’affaires a chuté de 80 % en juillet.

Pour faire face à la crise, ce commerce du marché de Port Moselle a dû réduire ses commandes et même ses prix sur certains produits. "On va faire confiance à nos élus, à l'Etat, à la France qui veut encore nous aider. On va essayer de rester debout pour que cette économie puisse continuer pour nos clients et nos employés". 

Entre 50 et 70 % de pertes

S’adapter en espérant des jours meilleurs, c’est aussi la stratégie de cette productrice et vendeuse de fruits et légumes qui a modifié ses récoltes pour limiter les pertes. "A cause des émeutes, on n'a pas osé planter les haricots verts", confie cette commerçante qui estime avoir perdu entre 50 et 70 % de son chiffre d'affaires. 

Même pertes pour Sophie Masson, exposante. "J'ai supprimé des commandes aussi bien avec des fournisseurs locaux qu'extérieurs. Je fais attention à ma trésorerie parce que c'est difficile. Et on évite de stocker pour rien."

La semaine, il n'y a pratiquement plus personne dans les allées. 

Aurélie Baron, artisane


"Plus un chat" au marché

Situation alarmante aussi pour les artisans, qui vivent cette crise encore plus durement que pendant la pandémie de Covid. "Avant la crise, ma clientèle c'était les touristes qui venaient en vacances, ceux qui venaient voir leur famille. Ils ne sont plus là, déplore Aurélie Baron, qui expose depuis vingt ans.  Il y avait aussi les (croisiéristes) australiens, ceux qui venaient en mission... Et là, on n'a plus un chat. La semaine, il n'y a pratiquement plus personne dans les allées." 


Des étals vides

Romane Wakanumuné tient aussi un stand d'artisanat au marché. Faute de croisiéristes, son patron a dû fermer son autre point de vente à la gare maritime. L'activité survit ici grâce à une nouvelle clientèle. "Les clients qu'on a, ce sont les forces de l'ordre, qui repartent. On essaie de faire du chiffre d'affaires avec eux."

Résultat : 40 % de vente en moins, mais le tarif journalier du stand, lui, ne baisse pas. Les exposants déboursent près de 50 000 francs par mois pour un emplacement en extérieur. Ce qui explique, en partie, le nombre d’étals et d’emplacements vides au marché de Port-Moselle.


Le reportage de Caroline Antic-Martin Gaël Detcheverry

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