Des policiers kényans sont arrivés en Haïti pour y assurer la sécurité

Un premier contingent de 400 policiers kényans est arrivé mardi 25 juin 2024 à Port-au-Prince en Haïti.
Après des mois d'attente, un premier contingent de policiers kényans est arrivé mardi 25 juin 2024 à Port-au-Prince, dans le cadre d'une mission internationale visant à rétablir la sécurité en Haïti, en proie à la violence des gangs, a constaté l'AFP.

Un avion de la compagnie nationale Kenya Airways a atterri peu avant 10 heures locales à l'aéroport de la capitale haïtienne avec à son bord ce premier contingent de 200 policiers armés, casqués et habillés en treillis militaire, a constaté un correspondant de l'AFP sur place. Un deuxième contingent de policiers est attendu jeudi, a-t-on indiqué de source gouvernementale haïtienne.

L'appareil s'était envolé lundi soir de Nairobi après que le président kényan William Ruto eut rendu visite aux policiers avant leur départ.

"Cette mission est l'une des plus urgentes, importantes et historiques de l'histoire de la solidarité mondiale", a déclaré le chef de l'État lors d'une cérémonie à huis clos, selon des propos rapportés par le bureau présidentiel.

Le Kenya a proposé d'envoyer un millier de policiers en Haïti pour la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), prévue pour une durée initiale d'un an, et à laquelle doivent également contribuer le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade.

Le déploiement de cette force a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en octobre, mais il suscite de vives critiques au Kenya.

Le chaos à Nairobi ce mardi

Un mouvement de protestation antigouvernemental au Kenya a viré au chaos mardi (25 juin) dans la capitale Nairobi. Des manifestants kényans se sont introduits dans l'enceinte du Parlement, dans le cadre de manifestations contre un projet de nouvelles taxes du gouvernement. Au moins cinq personnes ont été tuées et 31 blessées lors de ces manifestations, selon plusieurs ONG dont Amnesty Kenya.

Une mission monumentale

La tâche de la mission de sécurité en Haïti s'annonce dantesque. Haïti pâtit depuis des dizaines d'années d'une instabilité politique chronique et fait face à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince, doublée d'une crise humanitaire.

La situation s'était brusquement aggravée fin février quand des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour renverser le Premier ministre de l'époque, Ariel Henry.

Depuis lors, des autorités de transition dont un Premier ministre par intérim, Garry Conille, ont été formées avec pour mission le rétablissement de la stabilité.

Le nombre de déplacés internes a augmenté de 60% depuis mars en raison de l'intensification de la violence des gangs, atteignant désormais un total de près de 600.000 personnes, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

La mission soutenue par l'ONU et dans laquelle les Etats-Unis sont très impliqués sur le plan logistique - sans toutefois fournir d'hommes - doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs qui terrorisent la population.

Je salue la détermination du gouvernement kényan et de son peuple à accompagner Haïti dans la lutte contre l'insécurité qui ronge la société

Garry Conille

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Haïti "souhaite que cette mission multinationale soit la dernière qui l'aide à se stabiliser pour le renouvellement du personnel politique et le retour à la démocratie effective", a-t-il ajouté, alors que le rétablissement de la sécurité dans ce pays des Caraïbes doit à terme permettre la tenue d'élections. La dernière élection en Haïti remonte à 2016.