Des premières communions trop fastueuses à Wallis et Futuna?

Fai fagona à Halalo (Wallis)
La "saison" des communions bat son plein à Wallis et Futuna avec en point d'orgue la messe des premiers communiants le 11 octobre. Ces festivités ne sont pas du goût de l'évêque du territoire. Pour Monseigneur Ghislain de Rasilly, la fête est "dévoyée" par des cadeaux trop "fastueux".
Septembre et octobre sont les mois traditionnels de la "saison" des communions, un terme spécifique à Wallis et Futuna. Cette année, à l'approche de la messe des premières communions, le 11 octobre, l'évêque du territoire a sermonné les familles. Pour Monseigneur Ghislain de Rasilly la fête est "dévoyée" par des cadeaux trop "fastueux".


"Des dons fastueux"


La "saison" commence par la "préparation" des enfants en CE2 dans l'ensemble des écoles primaires du territoire, qui dépendent toutes de la Direction de l'enseignement catholique (le secondaire est totalement public). Les premiers communiants effectuent également une retraite les trois jours précédents la messe du 11 octobre. Le week-end précédent l'événement ces enfants ont reçu les offrandes de la communion, les Faï Fagona.

Ce sont ces dons que fustigent Mgr Ghislain de Rasilly, "la première communion devrait être une fête familiale dans la simplicité autour de l'enfant qui reçoit le Christ pour la première fois" dit-il ajoutant que ce devrait être "le moment...du partage d'une manière simple au lieu de camoufler cela derrière des dons fastueux et des fêtes à n'en plus finir..(qui ont) dévoyé le sens...de la première communion". 
L'évéque déplore qu'"un rite coutumier se greffe sur la première communion" et il en appelle donc à la chéfferie coutumière "pour discuter et remettre les choses en place afin que ce ne soit pas un temps d'éxagération".


Religion et coutume


Du côté des parents, la première communion de l'ainé des enfants est considérée comme un événement extrèmement symbolique qui justifie une célébration familiale. Les préparatifs durent souvent plusieurs mois.
Ainsi une vingtaine de voitures se sont présentées devant la demeure des Kulimoetoke à Halalo, dans le sud de Wallis, pour les Faï Fogana en faveur de l'ainé et du cadet de cette famille de quatre enfants. .Les offrandes se sont montées à plusieurs millions de Francs Pacifique. "Le plus important c'est que mes enfants soient prêts le jour de leur sacrement" a déclaré la mère. 

Pour les commerçants, la "saison" est l'occasion de réaliser l'un des plus importants chiffre d'affaires de l'année. L'un des responsables d'une grande surface Pelenato Polelei, affirme que "beaucoup de gens nous ont démandé un effort au niveau du débit communion" de leur compte dans le magasin et il conclut: "on a accépté pour cette période spécialement parce que l'on sait que c'est une grosse période pour le Wallisien au niveau de la coutume".


Avancement des communions


Depuis quelques années est apparu un phénomène inédit "l'avancement des communions" c'est à dire que les sacrements par les prêtres sont anticipés d'une à deux semaines avant le jour officiel prévu, le 11 octobre en 2015. Cette année, 20% des enfants de Wallis auraient "avancé" leur communion.

Outre les problèmes de répartition des quêtes dans les églises que pose cet "avancement", Mgr Ghislain de Rasilly s'affirme en désaccord avec cette pratique car, selon lui, tous les enfants ayant fait leur préparation ensemble devraient faire leur communion le même jour.
Pour le prélat, les familles anticipent la communion de leur progéniture "pour éviter les dépenses occasionnées par les festivités...parce qu'elles n'ont pas les moyens" de ces célébrations. "D'autres le font pour des raisons inverses" affirme l'évéque.

La "saison" des communions n'a pris de l'ampleur que récemment sur le territoire en parallèle avec le développement de la société de consommation.