Détention d'images pédopornographiques : la "personnalité trouble" des prévenus

Alors que les audiences de comparution immédiate ont débuté ce mercredi 10 novembre pour 11 des 16 Réunionnais poursuivis pour détention d'images pédopornographiques, l'examen des personnalités met en évidence des profils variés mais tout aussi inquiétants.

Parmi les 17 individus interpellés ce lundi 8 novembre dans le cadre d'une inédite opération visant des Réunionnais détenteurs d'images à caractère pédopornographique, il y a d'abord ce Sainte-Marien de 31 ans.

Comme les autres, il s'est retrouvé sous surveillance de la gendarmerie en fin d'année 2020 pour son activité suspecte sur des plateformes d'échange en peer-to-peer. Comme les autres, les enquêteurs spécialisés ont découvert dans son ordinateur personnel plusieurs centaines de fichiers photos et vidéos mettant en scène des viols sur mineurs.

"Pas un monstre"

Jugé ce mercredi 10 novembre en comparution immédiate, le prévenu exprime ses regrets, mais considère qu'il n'est "pas un monstre", car "jamais passé à l'acte." Les éléments apportés au dossier suscitent néanmoins l'inquiétude.

Ayant perdu son emploi en début d'année, l'homme vit chez sa sœur. Il mène "une existence solitaire", sa vie sociale est "quasi-inexistante", il n'a jamais eu de relations sexuelles. Il reconnaît une attirance pour les mineurs, et la découverte dans son PC de photos volées d'une adolescente, fille d'une amie, laisse le tribunal perplexe quant à ses motivations.

Pour le psychiatre qui l'a examiné, cette "personnalité trouble" nécessite une injonction de soins. Soulignant "le travail de longue haleine des enquêteurs", le ministère public souligne que le prévenu "n'est pas tombé sur ces images par hasard", qu'il y a "une vraie recherche" de ces images, que "la perversion est bien là." 15 mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de soins sont requis.

"Il y a une prise de conscience de la gravité des faits reprochés, mais on est bien face à un trouble psychiatrique"

Me Jean-Christophe Molière, avocat d'un des prévenus

 

Un suivi, c'est aussi ce que réclame son avocat. "Il y a une prise de conscience de la gravité des faits reprochés, mais on est bien face à un trouble psychiatrique qui mérite une sanction individualisée", plaide Me Jean-Christophe Molière.

 

"Un passage du virtuel au réel"

Prévenu des mêmes faits, ce Bénédictin de 38 ans présente un tout autre profil, pas moins inquiétant cependant. Ce père de famille a reconnu rechercher ce type de fichiers interdits depuis 2014.  Une centaine a été retrouvée dans son ordinateur, mettant en scène des enfants de 2 à 16 ans. L'homme exprime "(s)a honte", son "soulagement" d'avoir été arrêté.

L'homme était pourtant proche d'un passage à l'acte. Il a d'abord tenté de séduire des adolescentes sur le net en se faisant passer pour un jeune homme. Via un site internet, puis par téléphone ensuite, il a demandé à plusieurs reprises à une prostituée qu'il fréquente de lui "amener des enfants." "Dieu merci, elle n'en a pas amené" déclarera-t-il en garde à vue.

Pour la présidente, "il y a un passage du virtuel au réel" d'autant plus préoccupant que l'homme est éducateur dans un foyer d'aide sociale à l'enfance. L'homme exprime encore sa honte, son souhait "d'être guéri" de ce besoin compulsif de regarder ce type d'images.

"On est sur un point de bascule, on est sur une approche centrée sur la volonté de rencontrer des mineurs, jusqu'à utiliser des stratagèmes. Il n'y a pas de limite", pointe le magistrat du parquet. 15 mois de prison dont huit avec sursis probatoire pendant trois ans sont requis, avec un mandat de dépôt à l'audience. 

Comme eux, ils sont neuf autres à comparaître pour des faits similaires cet après-midi à Saint-Denis et Saint-Pierre.