Seize prévenus jugés pour détention et diffusion d'images pédopornographiques à La Réunion

17 personnes ont été interpellées à la Réunion pour détention d'images à caractère pédopornographique dans le cadre d'une opération d'une ampleur inédite outre-mer(Photo d'illustration)
Suite au coup de filet opéré, lundi, à La Réunion, par les forces de police et de gendarmerie, 16 prévenus devront répondre devant la justice de détention et diffusion d'images à caractère pédopornographique. Certains dès ce mercredi 10 novembre, dans l'après-midi, en comparution immédiate.

La réponse judiciaire n'a pas traîné. 48 heures après une vague d'interpellations menée par les services de police et de gendarmerie un peu partout dans l'île, 16 des 17 personnes interpellées pour détention et diffusion d'images pédopornographiques ont été déférées ce mercredi 10 novembre dans la matinée devant les parquets de Saint-Denis et de Saint-Pierre.

Opération inédite outre-mer

Onze seront jugées dans l'après-midi selon la procédure de comparution immédiate. Il s'agit des suspects ayant téléchargé le plus grand nombre de fichiers ou disposant d'antécédents judiciaires notables.

Les cinq autres se verront délivrer une convocation à délai rapproché devant le tribunal correctionnel, avec une remise en liberté sous contrôle judiciaire.

Cette opération coordonnée "menée pour la première fois outre-mer", selon un communiqué des deux parquets de l'île intervient après plusieurs mois d'une enquête préliminaire déclenchée dans le cadre d'une veille sur les réseaux d'échange et partage de fichiers en peer-to-peer.

"La décision est prise de réaliser pour la première fois en Outre-mer une opération coordonnée sur l'ensemble du territoire de La Réunion et d’interpeller de manière simultanée l'ensemble des objectifs désignés"

Les procureures de Saint-Denis et Saint-Pierre

 

Jusqu'à 5000 fichiers suspects téléchargés

Analysant les données ainsi récoltées, le service central C3N (centre de lutte contre les criminalités numériques) situé à Pontoise a permis d'identifier 17 suspects grâce à leurs adresses IP. L'un d'entre eux avait téléchargé jusqu'à 5000 fichiers, dont l'extraction a démontré qu'il s'agissait bien d'images pornographiques impliquant des mineurs.

Treize des objectifs se situaient en zone gendarmerie, quatre en zone police. La phase d'interpellation a donc été menée en inter-services sous l'égide du commandement de la gendarmerie de La Réunion, en co-saisine avec le Commandement de la gendarmerie dans le Cyber-espace à Pontoise. Ce service a ainsi projeté des renforts à La Réunion, cinq gendarmes spécialisés NTech (nouvelles technologies) et deux investigateurs en cybercriminalité (ICC) de la police.

Un "PC enquête" a de plus été armé, comportant un officier de la section de recherches de la gendarmerie, un officier de la sûreté départementale, l'OAPJ 974, les techniciens projetables sur le terrain et les personnels en charge de l'exploitation des supports saisis.

L'exploitation du matériel informatique s'est faite lors de perquisitions en ligne afin d'éviter "des exploitations criminalistiques trop longues n'apportant pas d'éléments supplémentaires aux incriminations." Des téléphones portables ont également été exploités.

Auditions dans l'entourage des suspects

L'enquête ne s'est toutefois pas cantonnée au monde virtuel. Plusieurs auditions ont ainsi été menées dans l'entourage et la sphère familiale des suspects, notamment ceux comprenant des mineurs, afin de déclencher la procédure Mélanie en cas de découverte de mineurs victimes d'infractions de nature sexuelle. Cela a été le cas pour un dossier, "sans infraction finalement révélée", précisent les parquets.

S'agissant d'infractions relatives aux mœurs, des expertises psychiatriques ont également été menées sur le temps de la garde à vue pour les suspects aux profils les plus inquiétants et qui comparaitront dès ce mercredi après-midi. Pour certains d'entre eux, les experts psychiatres auront noté "une dangerosité avérée", avec un risque "de passage à l'acte", a confirmé une source proche de l'enquête à Réunion La1ère. Jusqu'à six expertises ont pu être conduites en une journée, illustrant le caractère exceptionnel de l'opération.

Poursuivis pour détention et diffusion de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique, les mis en cause encourent cinq ans de prison, 75 000 euros d'amende et l'interdiction d'activité impliquant un contact avec des mineurs.