Discrimination linguistique : une conférence sur la glottophobie à l'université de Nouville

Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2, spécialiste de la glottophobie, invité du journal radio de Nouvelle-Calédonie la 1ère.
La glottophobie, idéologie sur le langage, peut engendrer un traitement discriminant envers les personnes qui ont un accent. C'est ce qu'explique Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2, spécialiste de la glottophobie, invité du journal radio de Nouvelle-Calédonie la 1ère.

Glottophobie késako ? C'est le fait de traiter défavorablement un individu en fonction de la manière dont il parle. Une forme de rejet de l’autre basé sur une idéologie linguistique.

Philippe Blanchet est de passage en Nouvelle-Calédonie pour une dizaine de jours. Il donne une conférence à l'université de Nouvelle-Calédonie mardi 30 avril sur le thème : glottophobie, construction et réception d'un objet social et scientifique, discrimination linguistique, langues minoritaires et accents francophones. 

On a toujours un accent par rapport à une autre prononciation.

Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2, spécialiste de la glottophobie

Avec plus de 40 langues et dialectes kanak, le territoire est-il concerné par la glottophobie ? Probablement explique le spécialiste car "la société française, en général, est une société particulièrement glottophobe". En "France continentale européenne", détaille le spécialiste, plus de 400 langues sont parlées. 

La glottophobie, une sélection sociale 

"C’est une atteinte aux droits fondamentaux", lance Philippe Blanchet. Cette perception unique de la "langue qui doit être parlée" exclue les personnes qui pratiquent différemment.

Le français, c'est la langue de la région parisienne et le bon français c'est la langue de la bourgeoisie parisienne. Ça permet de s'arroger un privilège et d'empêcher ceux qui parlent d'autres langues ou parlent autrement d'accéder à une position sociale, à la réussite scolaire, à la réussite économique ou culturelle.

Phillipe Blanchet, professeur d'université, spécialiste de la glottophobie

"C'est un choix arbitraire et idéologique" recontextualise le spécialiste. Philippe Blanchet s'est rendu à Maré lors de son séjour, où la langue de l'île est plus présente, mais il a aussi posé un autre constat : "J'ai été frappé par la marginalisation des autres langues et la place énorme qu'occupe le français en Nouvelle-Calédonie." Le professeur insiste sur la richesse de la multitude linguistique. 

Son entretien avec Medriko Peteisi dans le journal radio lundi 29 avril 2024. 

©nouvellecaledonie