Dispositif sanitaire contre le coronavirus : à Saint-Pierre et Miquelon, la majorité territoriale expose ses divergences

A l'occasion de la récente réunion du Conseil Territorial, les conseillers de la majorité ont exposé leur positions divergentes au sujet du dispositif sanitaire applicable à Saint-Pierre et Miquelon au-delà du 10 juillet. 
Le point n'était pas à l'ordre du jour. C'est pourtant celui qui aura fait le plus débat lors de la séance du conseil territorial du mardi 30 juin. En ouverture de session, les deux conseillers de l'opposition ont souhaité réagir aux propos récents du premier vice-président. Sur notre antenne, Bernard Briand avait relayé l' "inquiétude réelle" de "la population", en raison notamment du risque sanitaire que ferait peser l'arrivée des passagers lors des vols directs estivaux en provenance de l'Hexagone.
 

" Notamment de par les vols directs, on va devoir forcément avoir des gestes barrières beaucoup plus prononcés", et "cela va entraîner derrière une position beaucoup plus incertaine. "- Bernard Briand, vice-président du Conseil Territorial


Le reportage de Frédéric Dotte et Jérôme Anger
 

 

Territoire ouvert ou fermé ? 


Depuis plusieurs semaines, la stratégie sanitaire à mener sur l'archipel fait débat au sein de la population et de ses élus.

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En l'absence de circulation du coronavirus à Saint-Pierre et Miquelon, certains souhaitent préserver les habitants en conservant "sous cloche" le territoire. Alors que d'autres prônent une ouverture progressive afin de permettre les échanges et rester connecté au reste du monde. 
 

Demande de clarification


En préambule à la session ordinaire, l'opposition de Cap sur l’Avenir a donc demandé au Président la position officielle de la Collectivité. Tout en souhaitant "apporter des éléments objectifs aux inquiétudes", Stéphane Lenormand a alors affirmé une voix davantage axée sur l'ouverture raisonnée du territoire. Invité du journal télévisé, il l'a répété le soir même sur nos ondes.
 

" Je suis le président de l'ensemble de la population. Ceux qui expriment leur peur, et ceux qui ont envie de bouger". "Il faut bien se dire aujourd'hui qu'on doit apprendre à vivre avec ce risque pendant de très très longs mois. "- Stéphane Lenormand, président du Conseil Territorial


Stéphane Lenormand, interrogé par Flavie Bry

 

Voix discordantes


Malgré la recherche par le président Lenormand d'une position médiane, les voix restent discordantes au sein de la majorité Archipel Demain sur la question de la protection contre l’épidémie de coronavirus. En séance, le conseiller Stéphane Artano, également Sénateur de Saint-Pierre et Miquelon et président du mouvement politique, a tenu a dire son opposition au dispositif gouvernemental qui se profile pour l’après 10 juillet.
 

Fin des quatorzaines


Défenseur de longue date de la quatorzaine stricte imposée à tout nouvel arrivant, Stéphane Artano juge insuffisante la seule obligation qui se profile à l'issue de la période d'urgence sanitaire, celle d'un test PCR de détection de la Covid-19, 72 heures avant le départ.

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Dans sa dernière version, la nouvelle loi ne permettrait en effet aux préfets que de "recommander" un second test sept jours après l'arrivée du voyageur, et n'impose plus aucune période d'isolement.

" Le problème, c'est que la "recommandation", vous pouvez vous asseoir dessus. Cela n'a aucun caractère contraignant, et n'empêchera pas les gens d'aller voir des personnes vulnérables. " - Stéphane Artano, conseiller territorial et Sénateur de Saint-Pierre et Miquelon


Risque d'éclatement d'Archipel Demain


Stéphane Lenormand reconnaît "des tensions et des divergences" au sein d'Archipel Demain, qui permettent selon lui d'éviter d'en faire un mouvement sclérosé, et en constitue "sa richesse" depuis sa création en 1985. Interrogé sur le risque d'implosion, il a réaffirmé sur notre antenne avoir "toute confiance" en son premier vice-président.
 

" En politique, l'implosion peut arriver à tout moment, et pas seulement sur un sujet qui est sur le devant de l'actualité. Mais pour l'instant, il n'y a aucun cas. "- Stéphane Lenormand