Ils sont moins lookés que les Bleus lorsqu’ils arrivent à Clairefontaine. Mais à l'instar des joueurs de l'équipe de foot de France les jeunes venus de Guyane et du Guyana ont, eux aussi, porté une attention particulière à leur tenue : polos blancs floqués aux couleurs des jeux inter Guyane pour les joueurs de chez nous, survêtements aux couleurs de leur drapeau pour nos voisins du Guyana.
Les visages sont fermés, les mines concentrées. L’arbitre donne le top départ et c’est… le silence. Bienvenue à l’épreuve d’échecs de ces jeux inter Guyane.
Dans un coin, près de la table où les adolescents ont posé leurs téléphones, l’arbitre ne perd pas une miette de ce qui se déroule dans la pièce. Pour comprendre ce qui se passe dans la tête des jeunes joueurs, petit retour en arrière.
Nous sommes allés à leur rencontre quelques minutes avant le démarrage de l’épreuve. Timides ou peut-être déjà très concentrés, les joueurs du Guyana se sont montrés moins bavards que leur coach, Roberto Neto. « Nous sommes une équipe de sept joueurs. La plus âgée à 17 ans, le plus jeune 13 ans. Nous devions être huit, mais finalement la huitième n’a pas pu nous accompagner pour des raisons personnelles. » Pour le groupe, qui n’a pas encore eu l’occasion de faire un peu de tourisme en Guyane, les paysages « ressemblent à ceux du Guyana ». Côté compétition, le groupe peut se targuer de compter dans ses rangs trois joueurs ayant représenté en 2024 le Guyana aux Chess Olympic games à Budapest.
Pendant ce temps, l’équipe des Guyanais, se préparait à la compétition… en jouant une partie. Âgés entre 9 et 17 ans, les joueurs sont issus de collèges et lycées de Cayenne et Rémire, et de l’école Edgard Gaillot pour la plus jeune. S’ils ne s’entraînent pas en suant sur dans un stade, qu’on ne dise surtout pas à ces compétiteurs que les échecs ne sont pas un sport ! « Je pense que la personne qui dit ça n’a jamais joué aux échecs, s’exclame Paul-Erwan. Parfois durant une partie, ton cerveau brûle plus de calories que quelqu’un qui court un 100 mètres. » Paul-Erwan, élève de seconde à l’Externat Saint-Joseph, sait de quoi il parle : l’an dernier, il est parti représenter la Guyane au Suriname pour la précédente édition des Jeux inter Guyane.
Pour s’entraîner, les adolescents travaillent sans relâche. « On joue des parties et on refait les parties des grands maîtres » explique Manuel, lycéen à Sainte-Thérèse. S’ils jouent les uns contre les autres, tous s’exercent à la maison via une application via leur smartphone, comme l’indique Aseel, 17 ans. De quoi donner des idées à ceux qui voudraient marcher dans les pas de ces champions-là.