Éducation : quelle continuité pédagogique pour les enfants scolarisés à Maripasoula ?

Pas évident pour les parents d'élèves du fleuve d'assurer la continuité pédagogique
Faute de cours en classe, à cause des restrictions sanitaires puis à cause du confinement, il a fallu mettre en place une continuité pédagogique, souvent à l’aide d’outils numériques. Pas toujours facile, dans une commune où la connexion internet fait cruellement défaut. 
 
Maripasoula, dans la torpeur un d’après-midi de vacances, installés au frais sur la terrasse de leur maison dans le quartier Abdallah à Maripasoula, Lorenzo et sa maman sont en pleine séance d’exercice de lecture.
Malgré les congés qui ont débuté, cette maman s’efforce de faire travailler son fils quelques heures par semaine.
 
Les écoliers du fleuve ont du faire part d'encore plus de résilience

J'ai des mathématiques, de la lecture...c'était très difficile pour moi de faire sans la maîtresse".

Lorenzo, élève en classe de CE2

 


Malgré tous ses efforts pendant le confinement, Clairia, cette mère de famille a eu du mal à suivre et à remplacer les enseignants. La transmission des devoirs se faisait par internet, une vraie galère pour les parents d’élèves sur le Haut-Maroni.
 

"Les administrations, le cybers-café sur Maripasoula sont pas accessibles, suite aux fermetures. C'est vraiment compliqué pour nous ici à Maripasoula, un jour sur deux tu as du réseau (internet), ou alors il n'y en carrément pas pendant plusieurs jours."

Clairia Mosse, représentante des parents d'élèves au groupe scolaire Tobie Balla
Professeure des écoles par substitution...


Dans le dispositif de continuité pédagogique, les enseignants étaient en première ligne, comme ce jeune couple de professeurs des écoles. Ephonie et Yann sont installés à Maripasoula depuis 5 ans et durant le confinement, il a fallu conjuguer avec les aléas techniques et les spécificités locales pour maintenir le lien avec les élèves.
 
Une continuité pédagogique pas évidente...

"En maternelle, le domaine que l'on doit travailler en particulier, c'est le langage...on doit beaucoup parler aux enfants. En sachant qu'ici, la langue maternelle qu'ils parlent à la maison c'est l'Aluku...par rapport à tout ça c'est compliqué d'imaginer la continuité..."

Ephonie Felissaint,
professeure des écoles

 
L'horizon de la rentrée s'annonce compliqué...

Ici, on appréhende la rentrée :


Ornica Apayaca, est une jeune enseignante originaire de la commune. Elle a choisi la continuité en format papier. Elle enseigne à 7 km du bourg, dans le petit village de Nouveau Wacapou. Un site isolé et sans internet fixe, ici la distribution des cours, tous les 15 jours a été l’option plus la facile et la plus pratique. Mais malgré le lien maintenu Ornica s’inquiète pour le retour en classe de ses élèves.
 

"Après les vacances de pâques c'était un peu difficile, on a senti les élèves un peu blasés. Je ne sais pas comment je retrouverai mes élèves. Je ne sais pas comment moi je serai aussi psychologiquement. Il faut le dire aussi, que cette situation nous travaille. Moi j'espérai vraiment reprendre, au moins 2 semaines, 1 mois, avant septembre mais malheureusement la situation ne le permet pas en Guyane."

Ornica Apayaca, enseignant dans le primaire

 
La commune de Maripasoula compte près de 1180 écoliers, mais il n’existe pas de statistique officielle concernant le décrochage scolaire dans la commune. Ce qui est un comble au vu de l’acuité du phénomène.

Les professeurs interrogés, sont quasi unanimes… : « la rentrée scolaire 2020 s’annonce compliquée ! »


Le reportage de Guyane La 1ère :

Pas facile de mettre en place une continuité pédagogique dans une commune ou la connexion internet fait cruellement défaut. Faute de cours en classe, l'Education nationale a mis en place une continuité pédagogique souvent à l'aide de l'outil numérique...d'où le paradoxe.