Elisabeth Borne la première ministre française a tranché, la date pivot de départ à la retraite ce sera 64 ans…

La Première ministre, Elisabeth Borne, présente le projet de réforme des retraites du gouvernement, le 10 janvier 2023, à Paris.
Enfin une vraie clarté. Elisabeth Borne, la première ministre a présenté, mardi après-midi sa réforme des retraites. Pour accéder à la retraite à taux plein, il faudra dès que son texte sera validé, 43 annuités et ce dès 2027 au lieu de 2035… Elle lance du même coup la réaction de la rue. Une mobilisation nationale le 19 janvier prochain est d’ores et déjà annoncée à l’appel de huit centrales. Le round social s’annonce compliqué pour le gouvernement.

Premier temps fort de la réforme, l’âge légal de départ est porté progressivement à 64 ans au lieu de 62 actuellement. Chaque année il faudra ajouter trois mois de durée de cotisations jusqu’à 2030 où le compte sera bon, à moins qu’une nouvelle réforme n’intervienne d’ici là.

Autre temps fort de la proposition de réforme d’Elisabeth Borne, pour avoir une retraite à taux plein il faudra aussi avoir cotisé pendant 43 ans et là c’est très rapide puisque la nouvelle règle sera effective dès 2027 au lieu de 2035.

Un autre élément est à retenir : une retraite minimale à 1.200 euros bruts.

Par ailleurs, la plupart des régimes spéciaux seront bientôt fermés annonce la première ministre. Les nouveaux embauchés de la RATP, des industries électriques et gazières et de la banque de France vont intégrer le régime général dès le 1er septembre 2023. Une nécessité de justice et de progrès selon la locataire de Matignon qui ajoute : « le système de retraite entretient le sentiment d’injustice avec le maintien de régimes spéciaux qui ne sont plus justifiés par la réalité des métiers exercés ».

Un petit nombre de métiers, professions libérales, avocats et aussi les marins, les salariés de l’Opéra de Paris et de la Comédie française conservent leur régime.

Le dispositif carrière longue lui est maintenu ainsi en 2030 quand l’âge légal sera de 64 ans pour tous, il restera à 58 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 16 ans.

Les réactions ont été immédiates. Les républicains vont normalement voter le texte du gouvernement. Tous les partis de gauche y sont opposés et seront parties prenantes de la manifestation du 19 janvier à l’appel des huit principaux syndicats français. Le Rassemblement national lui aussi est vent debout contre la réforme Borne.

Les anciennes générations pas ou peu touchées

Cette réforme voulue par Emmanuel Macron sera présentée au Conseil des ministres le 23 janvier et toute la question est de savoir si Elisabeth Borne va trouver une majorité ou si elle va devoir utiliser une fois de plus le 49-3. La méthode utilisée pour se passer d’un débat parlementaire probablement houleux à l’image des députés de la NUPES qui ont déjà annoncé qu’ils vont chacun déposer un millier d’amendements. Un moyen comme un autre de faire obstruction à l’adoption de la loi quand elle arrivera à l’Assemblée nationale.

Vous l’aurez compris il va se passer du temps avant la pleine application de la nouvelle donne. Le système en vigueur qui permet à ceux qui en ont acquis les droits de partir en retraite reste en vigueur.

Aujourd’hui, l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans… pour 172 trimestres d’assurance retraite soit 43 ans pour ceux qui sont nés à partir de 1973. Pour ceux nés en 1959, 1960, c’est 167 trimestres ou 41 ans 9 mois… pour dire que la durée de cotisation a régulièrement augmenté au cours des 40 dernières années.

Aujourd’hui, la question de l’âge effectif au moment du départ est importante pour l’argent qu’on va recevoir. Le gouvernement a introduit un système de décote pour ceux qui font valoir leurs droits sans avoir le nombre de trimestres requis. Pension réduite autant que la période où le candidat à la retraite n’a pas cotisé.

Pour éviter cette restriction et avoir une retraite à taux plein, deux cas : présenter une carrière avec la bonne durée de cotisation légale ou bien partir à 67 ans.

 

Les pays d’outre-mer : cas particulier

Lors de la récente rencontre des députés du 97 qui s’est tenue en Guyane, la député de la deuxième circonscription de la Réunion, Karine Lebon a plusieurs fois répété que le niveau de pension de retraite était le plus bas de France dans sa région.

Vérification faite, c’est particulièrement vrai pour la Réunion et globalement pour l’ensemble des outre-mer. Ce qui peut y expliquer un âge de départ beaucoup plus élevé que partout ailleurs en France.

Quelques chiffres à retenir. Ils viennent de la caisse nationale d’assurance vieillesse, la CNAV. Quand l’âge moyen de départ en retraite est de 62 ans en France, il est d’un peu plus de 64 ans à la Réunion et 65 ans en Guyane déjà en conséquence au-dessus de l’âge pivot souhaité par la première ministre.

« Cette tendance de départs à la retraite plus tardifs dans les Outre-mer montre la volonté de bénéficier d’une retraite à taux plein, ou tout du moins d’une pension qui ne soit pas trop faible ou sujette à une décote, après avoir eu des carrières beaucoup plus erratiques que dans l’Hexagone » signale le portail outre-mer la 1ère.

Concernant les pensions versées, elles sont inférieures de 10 à 17% à ce qui se fait en France hexagonale où elle est en moyenne de 1.430 euros contre 1.193 en Guadeloupe et 1.281 en Guyane… et en effet avec 1.160 euros, elle est de moins 28% à la Réunion.