Cela fait plusieurs semaines maintenant que les répulsifs, en spray, crème ou spirale, se font rares dans les supermarchés et pharmacies de Buenos Aires, capitale de l’Argentine. Et s’il était possible jusque-là d’acheter de petites bombes de spray sur internet à 5 ou 6 000 pesos (entre 5 et 6 euros), désormais ils se vendent six à sept fois plus cher.
Selon l’AFP, des témoignages d'altercations ou d’empoignades pour de rares flacons disponibles se multiplient. Les Argentins se rendent jusqu’en Uruguay voisin pour pouvoir s’en procurer, et sur les réseaux sociaux circulent des conseils plus ou moins farfelus de répulsifs faits "maison" et réalisés à partir de mélange d'alcool et de vanille, de shampoing et eau, de lavande...
Exemption de taxes d'importation pour un mois
Selon nos confrères du journal en ligne argentin Infobae, l'Argentine compte déjà plus de 230 000 infections et au moins 161 décès. Le gouvernement ultralibéral du président Javier Milei a été interpellé sur le sujet, critiqué par l'opposition pour son « absence ». Bien qu'hostile par nature à toute intervention étatique, il a dû agir jeudi 4 avril, en exemptant de taxes l'importation de répulsifs. Une mesure prise « à titre exceptionnel pour 30 jours », « étant donné le contexte épidémiologique actuel et l'augmentation de la demande ».
L'assouplissement des contrôles douaniers et sanitaires pour ces produits a eu son premier effet hier lundi 8 avril avec l'arrivée d'une première cargaison de plusieurs lots provenant du Mexique et offerte par une multinationale. Le quotidien argentin Pagina 12 précise que les 22 320 unités seront livrées à Caritas. L'organisation catholique humanitaire se chargera de les livrer gratuitement dans différents quartiers vulnérables. Les unités destinées à la vente aux particuliers arriveront dans un second temps.
Mais les facilités d’importation ne sont pas réservées aux entreprises. Le gouvernement argentin a veillé à ce que les particuliers puissent également effectuer eux-mêmes leurs achats sur des plateformes en ligne étrangères.
L'Amérique du Sud fait face à sa pire épidémie de dengue
Depuis le début de l’année, l'Argentine, et plus encore le Brésil et le Paraguay voisins, sont confrontés à une flambée de dengue. L'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a indiqué que l’année 2024 serait « la pire saison de dengue jamais enregistrée ». Ces trois pays représentent 92% des cas recensés en Amérique latine et aux Caraïbes.
A l'échelle de l'Amérique latine, l'OPS a recensé plus de 3,5 millions de cas et un millier de décès dus à la dengue, virus transmis par la piqûre d'un moustique (Aedes aegypti), une épidémie favorisée par le réchauffement et le phénomène climatique El Niño.
La dengue, qu'est ce que c'est?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la dengue est une infection virale transmise aux humains par les moustiques. Elle est plus courante dans les climats tropicaux et subtropicaux.
L’Institut Pasteur précise qu’il y 4 types de virus, Dengue 1, 2, 3, et 4. En cas d’infection à l’un des sérotypes, une immunité protectrice est acquise contre ce sérotype là mais pas contre les autres.
On peut donc être infecté plusieurs fois par des sérotypes différents de la dengue. La plupart des malades atteint par la forme classique n’ont pas de symptômes, mais les plus courants sont une forte fièvre, des frissons, des maux de tête, courbatures, nausées et éruptions cutanées. Ces symptômes se manifestent après 4 à 10 jours d’incubation et persistent 2 à 7 jours mais l’état de santé de la personne infectée évolue généralement favorablement.
Mais chez certains patients, pour des raisons encore mal élucidées, le tableau clinique de la maladie peut évoluer vers une dengue “sévère”.
L’Institut Pasteur incelle-ci apparaît généralement après disparition de la fièvre initiale et se caractérise par deux formes graves : la dengue hémorragique, c’est environ 1% des cas de dengue dans le monde. Outre des fortes douleurs abdominales, des vomissements persistants, les symptômes associés sont des hémorragies multiples, particulièrement gastro-intestinales, cutanées et cérébrales. Chez les enfants de moins de 15 ans, un état de choc dû à une baisse importante du volume sanguin total peut survenir. Cela va entrainer des défaillances et parfois aboutir à la mort du malade en l’absence de prise en charge rapide.
Autre forme grave : la dengue avec syndrome de choc. Une forme mortelle qui se caractérise par différentes défaillances notamment au niveau de la fonction circulatoire et des dégradations d’un ou plusieurs organes ou viscères.
En Guyane, au moins 9 personnes déjà sont décédées à cause de la dengue hémorragique. De manière générale, l'épidémie est en légère hausse sur le secteur des savanes, 171 cas cas contre 63 la semaine d'avant d'après le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France. Cependant, elle est en baisse globalement sur le reste du territoire avec un peu moins de passage aux urgences.
Les autorités restent toutefois vigilantes avec la perspective de la reprise de la saison des pluies.