SUDMINE prospecte actuellement sur un périmètre de 27 kilomètres carrés dans la région de Kourou.
Des associations proches du lieu du permis exclusif de recherches sont contre ce projet mené par la société française.
Déjà, les oppositions au projet se manifestent.
Refus des kali’nas de l’association Teleyu du village Kuwano. Une partie du permis de recherches empiète sur les terres de la concession rappelle le chef coutumier Eric Louis.
« On s’est constitué en collectif, on a essayé de joindre SUDMINE mais on a jamais eu de rapports, de discussions avec ces personnes là et c’est désolant parce qu’ils arrivent et vont faire des carottages sur nos terrains et nous on en sait rien. »
Eric Louis, chef coutumier de l’association Teleyu du village Kuwano
La compagnie des guides de Guyane est aussi farouchement opposée au projet.
Le permis exclusif de recherches se situe vers la montagne des singes et dans une zone très touristique où sont aussi situés 2 bassins de captage d’eau potable alimentant 100 mille usagers du littoral guyanais rappelle le président de la compagnie des guides, Thomas Saunier.
« Là, ce n’est même pas le préfet qui décide, c’est le ministère, c’est Paris. On aimerait que l’état se comporte comme un gestionnaire de bon père de famille et que le principe de précaution soit appliqué. Ne pas développer une industrie polluante là où il y a 100 mille personnes, un tiers de la population Guyanaise qui prélève leur eau. »
Thomas Saunier, président de la compagnie des guides de Guyane
Une autre association s’oppose au projet d’une mine industrielle porté par SUDMINE, l’association AGIR-D, association guyanaise d’insertion rurale et de développement ;
AGIR D a été créé en 2003. Cela fait plus de 20 ans que l’association multiplie les démarches pour obtenir la rétrocession de 800 hectares appartenant à l’Etat pour faire de l’agriculture. Le processus était en bonne voie durant de longues années mais depuis que SUDMINE a obtenu son permis exclusif de recherches en 2018 puis la prolongation en 2021, les parcelles d’AGIR-D sont désormais situées sur les terres du périmètre du permis de recherches. Le président de l’association Franck Bergena ne décolère pas.
« Qui est illicite dans cette histoire ? C’est le domaine qui nous a donné toutes les autoris ations. Tous les terrains d’AGIR-D sont dans SUDMINE. Moi, je ne veux pas voir SUDMINE ici, on était là avant et ce qui est dramatique dans cette histoire, c’est qu’on a délivré le permis à SUDMINE depuis Paris sans consulter les guyanais ».
Franck Bergena
Qui est SUDMINE ?
SUDMINE est une société française crée en 2013. SUDMINE a des projets en France métropolitaine, en Guyane et au Gabon.
SUDMINE travaille en Guyane sur des projets d’exploration et d'exploitation de coltan et d’or.
Le directeur de SUDMINE, Michaël Laloua, ingénieur géologue précise :
« Il y a encore plusieurs années d’étude et d’analyses à réaliser pour déterminer si le projet est viable. Pour l’instant, les indices historiques ont été validés en partie et des travaux de terrain consistant à des prélèvements de façon manuel à environ 3 mètres de profondeur ont été réalisés ».
Si l’exploitation se fait, c’est dans un horizon de 5 à 10 ans nous a déclaré Le directeur de SUDMINE.
Quels sont les permis exclusifs de recherches (PER) de SUDMINE en Guyane
SUDMINE dispose de 3 permis exclusifs de recherche en Guyane. Un autre PER se situe sur le bas Maroni, dénommé PER Voltaire et un autre permis sur la basse Mana.
Les projets SUDMINE en Guyane ont donné lieu à des consultations publiques de mars à avril 2023. L’envoi d’une notice d’impact environnemental ;
Un recours gracieux de Guyane Nature Environnement, l’association Teleuyu et la compagnie des guides de Guyane a été déposé pour le permis exclusif de recherches de Kourou. Recours qui n’a pas abouti.
Du coltan en Guyane ?
Le Coltan est un mot-valise pour colombite et tantalite. C’est un minerai qui se présente sous la forme de granulées noirs dont on extrait le niobium et le tantale. C’est ce dernier qui fait toute l’utilité du coltan.
De part sa résistance à la chaleur et la corrosion, le tantale produit à partir du coltan est essentiel dans la fabrication de certains composants électroniques comme les condensateurs d’ordinateurs et de téléphones portables.
Les prospections concernant la colombo-tantalite ont été nombreuses, variées et étalées dans le temps. Elles ont, pour la majorité, été menées par le BMG (Bureau Minier Guyanais) entre 1950 et 1960, puis par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) au début des années 60.
En 2019, Le BRGM a de nouveau étudié le potentiel marché du coltan en Guyane. Cette étude a conduit à l’identification de plusieurs secteurs.
Dans les années 60, des opérateurs privés ont exploité du coltan, ce qui a permis de cuber un peu plus précisément les ressources en Guyane.
L’exploitation est restée modeste : de 1953 à 1989, 90 tonnes de coltan ont été extraites des placers en Guyane.
Avec l’or, le coltan est la seule substance minière à avoir été exploitée en Guyane.