Le nombre de cas Covid est en hausse. Pour ralentir la propagation du virus, le préfet de Mayotte a décidé des restrictions supplémentaires pour limiter les interactions sociales. Ainsi, depuis le 1er Février, les établissements de cultes et les marchés ne sont plus autorisés à recevoir du public.
Ils disent qu’ils ne veulent pas une fermeture totale de Mayotte parce que l’économie va en prendre un coup. Mais nous les petits, les petits commerçants ont fait quoi ? s’indigne Razia Simba Ali. Les mamans qui sont là, elles vont faire quoi ? Elles n’ont que le marché couvert pour vivre“. C’est le cri de détresse des commerçants du marché couvert de Mamoudzou. Le marché est ouvert ce mardi. Cela, malgré les nouvelles mesures mises en place pour lutter contre la propagation du virus qui exigent les fermetures de lieux de cultes et des marchés.
Quelques rideaux sont baissés mais la majorité des commerces ont ouvert ce matin. Les vêtements pendent des portants et les bijoux fantaisie brillent sur leur présentoir. Les étals de fruits et légumes verdoyants sont remplis. “ On comprend bien que le virus circule, mais si on est encore là, c’est parce que c’est le seul endroit où on l’on gagne de l’argent. Rester à la maison sans rien faire avec des factures à honorer, ce n’est pas évident pour nous “ justifie Razia Simba Ali commerçante et vice-présidente de l’association marché couvert.
“ Si la CCI nous ouvre les portes nous viendrons vendre nos marchandises. “
Chaque propriétaire de boxes s’acquitte d’un loyer de 120 euros. Lors du confinement, le Conseil départemental a financé 200 000 pour couvrir les 5 mois d’inactivité des commerçants, de mars à juillet. “Pendant ce temps-là, on a rien vendu. On a fait 0 de chiffre d’affaire. Ceux qui ont des sites internet ont pu vendre de la marchandise mais ce qui ne savent pas utiliser ce genre de technologie n’ont rien vendu. C’était une période difficile pour les vendeurs du marché couvert “ rappelle Razia Simba Ali.
“Après ce que nous ne comprenons pas, c’est pourquoi fermer le marché couvert tout en laissant les gens vendre illégalement sur le bord de la route. Eux sont libres de vendre alors qu’ils ne paient rien du tout. Nous, nous sommes là et nous payons des charges et on veut fermer notre marché. On ne comprend pas du tout“ rajoute la vice-présidente de l’association du marché couvert.
“Moi je ne saurais pas expliquer aux commerçants de ce marché qu’il faut rester à la maison et ne pas travailler. Ce n’est pas mon rôle. Mon rôle c’est de maintenir l’activité en respectant strictement le protocole sanitaire. “
Ils sont 335 ressortissants sur le marché de Mamoudzou dont 245 commerçants dans les boxes, 68 sur les étals de fruits et légumes et 22 vendeurs de brochettes à l’extérieur. C’est la CCI, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Mayotte qui est gestionnaire de ce marché. Pour Mohamed Ali Hamid, le président de CCI, la fermeture du marché “ c’est un effet de surprise, l’arrêté est sorti hier soir. Pour nous autre, on ne l’a su que ce matin. Tout de suite, nous avons réagi pour regarder de près cet arrêté. Fort heureusement, il n‘est pas aussi draconien. Il est laissé la possibilité d’octroyer quelques dérogations. Bien sûr, il faut prouver que l’activité est nécessaire. (…)Nous essayons de discuter avec les administrations compétentes, notamment la DAAF (Direction de l’Alimentation, l’Agriculture et de la Forêt) pour voir dans quel cadre nous octroyer une dérogation pour garder le marché de Mamoudzou ouvert. Ça va se faire au cas par cas.“ explique le président de La CCI Mayotte.
"Maintenant, si la dérogation ne passe pas, on va se plier à l’injonction, nous allons fermer. Mais il faut sauver l’emploi tant que faire se peut. “
Et vers 16 heures, ce jour, les commerçants ont été avisé de la parution d'un arrété municipal exigeant la fermeture du marché. Malgré leurs démarches auprès de la DAAF, ils ne pourront pas ouvrir leur boxes à partir de mercredi matin.
Après concertation avec le grand Cadi, le Préfet de Mayotte a également décidé de la fermeture des lieux de cultes. Si l’activité économique se fait dans sa grande majorité dans des locaux commerciaux, la prière elle peut se faire à domicile. La restriction est donc mieux accueillit. “ La maladie augmente de jour. Il n’y avait pas d’autre solution que de fermer les lieus de cultes. Et nous sommes prêts en tant que musulmans à suivre cet arrêté pour préserver nos vies “ relativise Mahamoudou Hamada Saanda, le grand Cadi de Mayotte.
“Ces nouvelles mesures priment sur tout. Mais cela ne doit pas vous empêcher de pratiquer vos 5 prières à la maison, comme il se doit "
Le Père Bienvenu Kasongo, curé de la paroisse Notre Dame de Fatima a entendu l’annonce hier. “Nous allons faire comme pendant le confinement. Il n’y aura pas de messes, il n’y aura pas de catéchisme. C’est pour nous un temps de solidarité. Nous devons être responsable ensemble et nous battre contre la Covid. Mosquées et églises doivent respecter cela pour que nous puissions prier à la maison, pour que le seigneur nous écoute, qu’il relève l’humanité de la Covid 19.
Ces mesures sont applicables sur l’ensemble du territoire, pour une durée de 15 jours, soit jusqu’au lundi 15 février 2021.