Festival des Marquises 2023 : Temehea, Te Aitua et Kamuihei, des sites de choix

Un tiki sur le site de Taipivai
Le festival des arts et de la culture des Îles Marquises s’ouvre samedi 16 décembre à Nuku Hiva. Les onze groupes de chants et danses se produiront sur la place Temehea, située dans le village de Taiohae. Deux autres sites sont choisis pour accueillir les festivités, la place Te Aitua située à Taipivai, et l’esplanade Kamuihei dans le village de Hatihe’u.

Nuku Hiva est la plus grande île de l’archipel des Marquises. Ses falaises grandioses dominent l’océan et font de cette île un endroit saisissant. Hermann Melville précisait que « nulle description ne saurait rendre sa beauté ».

Au cœur de ses terres, cinq villages. Trois d’entre eux ont été retenus pour donner vie aux festivités du 14ème Mata Va’a, "fnous avons défini les lieux avec les membres du COMOTHE, mais j’ai particulièrement insisté sur quelques-uns", précise Heretu Tetahiotupa, le président du comité organisateur.

Tohua Temehea, le site principal

C’est une place emblématique de Nuku Hiva. Située dans la capitale de l’île, elle accueillera les soirées de spectacle, le village des artisans et du patrimoine. Le tohua a été restauré pour la deuxième édition du festival. Demeure de la dernière reine de Taiohae,Vaikehu, il renfermait des vestiges. Il abrite aujourd'hui de nombreux tiki. Certains sont impressionnants et majestueux avec des visages longs. Limiter les festivités à ce site emblématique "aurait simplifié énormément de choses dans notre préparation" avoue en riant Heretu Tetahiotupa, le président du COMOTHE, "mais on perd quelque chose". Selon le jeune homme, on perd "la magie".

Hatihe’u, mystique et spectaculaire

Le site de Kamuihei à Hatihe'u

Située à 1h30 de route du village principal, la vallée de Hatihe’u est certainement celle qui possède le plus de tohua, de pétroglyphes et de tiki. Elle abrite le magnifique site de Kamuihei, l’un des plus grands sites archéologiques de l’archipel marquisien. À votre arrivée, vous êtes accueilli par un banian majestueux.

Le majestueux banian à l'entrée du site de Hatihe'u

C’est au travers des rochers, sur lesquels sont gravés des pétroglyphes, que s’est opérée la « magie » vécue par Heretu Tetahiotupa, il y a vingt-quatre ans.

 J’ai vécu mon premier festival en 1999, j’avais 7 ans et il s’est passé quelque chose de magique à Kamuihei. Dans mon esprit, cela reste l’idéal d’un festival, la magie que j’ai vécu à cet âge-là, à cette époque, pour moi cela reste la référence en termes de festival. C’est ce que je veux faire vivre aux festivaliers. Je veux qu’ils ressentent la même magie. En discutant avec plein de gens, en faisant le tour des îles, cette date et ce lieu reviennent dans les discussions. Il s’est réellement passé quelque chose de spécial à Kamuihei qui a profondément touché les gens. Et c’est ça qui est vraiment important à travers la culture parce qu’on vient d’une tradition orale. La transmission de l’information était différente de celle du monde moderne dans lequel on a été éduqué. Pour transmettre quelque chose d’une façon puissante, il faut créer une émotion forte. C’est pour cela que les expressions culturelles sont belles, c’est parce que la beauté est le véhicule de la connaissance. En créant quelque chose de beau, on ouvre le cœur et l’esprit d’une personne et la connaissance peut rentrer. Et c’est pour cela qu’il y a cette relation avec la beauté et la puissance qui est très importante, et particulièrement aux Marquises parce que les anciens avaient compris ça. Et ils ont développé cette connaissance et cette façon de travailler avec le beau comme véhicule de la connaissance. Ils ont fait ça pendant des milliers d’années et cela donne cette expression qui est une expression artistique extraordinaire dont on est les héritiers.

Heretu Tetahiotupa

Un hommage sera d’ailleurs rendu, dimanche 17 décembre, à Yvonne Katupa, regrettée maire déléguée de Hatihe’u et figure emblématique de Nuku Hiva. Décédée le 21 novembre 2023 à l’âge de 85 ans, elle avait souhaité que les festivités soient également organisées dans son village.

Taipivai, la vallée fertile

C’est dans la vallée de Taipivai, la plus fertile selon les habitants, que Herman Melville a rédigé son roman Typee.

Taipivai

Située au sud de l’île, elle abrite l’une des plus belles cascades nommée Te’ua koe’e nui qui signifie les deux grandes anguilles, et le Enu, un palmier endémique des Marquises.

Taipivai, c’était la vallée la plus puissante aux temps anciens appelée de son nom d’origine Va’ī’ī et elle était peuplée par le peuple des Taipi. À l’époque, Taipivai s’appelait Taipi o Va’ī’ī. Dans l’écriture coloniale, cela a été simplifiée et c’est comme ça que c’est devenu Taipivai. Mais c’était la vallée des Taipi qui était un des clans les plus puissants de Nuku Hiva aux temps anciens. C’est une vallée aux terres très fertiles, c’est vraiment un lieu mythique et pour moi, il fait partie des incontournables du festival. En 1999 et en 2011, le festival s’était également déplacé sur Taipivai et c’est ce qu’on est en train de réaliser. Et je pense que c’est la force de Nuku Hiva. L’enjeu est énorme et très complexe, mais cela vaut le coup parce qu’il se passe quelque chose, sur le plan culturel, spirituel, ou personnel qui a un impact profond sur les gens et sur leurs vies. Du moins moi, ce que j’ai vécu cette année-là, cela a influencé ma vie.

Heretu Tetahiotupa

Taipivai

Voilà deux ans que la dizaine de bénévoles du COMOTHE prépare cet événement culturel. L’équipe est composée d’anciens membres du comité organisateur et de jeunes, dont certains vivent leur premier Mata Va’a.

Le festival des arts et de la culture des Îles Marquises se tient du 16 au 20 décembre. 1 500 festivaliers de toutes les îles de l’archipel sont réunis et autant de spectateurs sont attendus. Nul doute que la magie s’opèrera.