Gîtes de La Réunion : la crainte de l'après confinement pour les gérants

Gardien du gîte du volcan et président de l'association des gîtes publics de La Réunion, Yves Picard craint l'après confinement.
Ils sont une dizaine de gérants de gîtes publics à La Réunion. Tous confrontés à un même constat : leurs structures principalement dédiées à l'accueil de groupes ne sont pas opérationnelles pour recevoir des touristes dans le respect des mesures barrières préconisées pour l'après confinement. 
Il a emboîté les pas de son frère Jacques. Il a préparé ses enfants à assurer la relève. Il est aujourd'hui inquiet. Yves Picard, le gardien du gîte du volcan est un homme passionné. Il a grandi en cavalant sur les sentiers de la Plaine-des-Cafres et en explorant tous les cratères du Piton de la Fournaise.

Depuis son plus jeune âge Yves Picard voue une admiration sans borne pour un site exceptionnel qu'il fait découvrir aux touristes dans ses histoires racontées au coin du feu, à travers ses repas traditionnels dont il a le secret et un accueil chaleureux au gîte du volcan. 
 

Avec le temps, il a préparé ses enfants pour leur transmettre le flambeau de toute une vie consacrée à un métier aujourd'hui menacé. "J'avais déjà connu de nombreuses crises ces derniers temps. Les gilets jaunes, les fortes pluies et cyclones, les conséquences des fermetutres d'enclos lors des éruptions... A chaque fois cela se traduit par une baisse de la clientèle" explique Yves Picard en poursuivant "là cela va au-delà de ce à quoi on pouvait s'attendre ! Un virus invisible qui fait autant de dégâts avec 100 % de pertes. On ne sait pas comment on va s'en relever".
 

Confinement et avenir incertain : des pertes en cascades


Dépité. Le regard perdu dans ses pensées, il envisage toutes les options sans réellement percevoir de solution adéquate pour sortir de la nasse qui se profile. Son modèle économique se fragilise étape après étape.  

Voilà déjà deux mois que le confinement a eu pour effet de vider son gîte de toutes ses réservations. Avec les mesures d'accompagnement, Yves Picard a pu placer les 8 personnes employées au gîte en chômage partiel. Une bouffée d'oxygène. Le plus dur reste à venir. "Ici au Volcan, comme dans la plupart des gîtes de La Réunion, nous avons pour vocation de recevoir des groupes. Les nuitées se déroulent généralement en dortoir... "
 

Comment continuer à accueillir du public tout en respectant les mesures barrières préconisées lorsque plusieurs personnes sont appelées à se côtoyer dans les pièces communes, les sanitaires, la salle à manger avec ses tablées de plusieurs couverts ? 
 

"Si les aides s'arrêtent, on va mourir"


A défaut comment sauver les emplois nécessaires à faire tourner la structure et continuer à faire vivre des producteurs qui lui fournissent à lui et aux autres gîtes les fruits, légumes et viandes utilisés pour la réalisation des repas ? 

"Si les aides s'arrêtent, on va mourir" lâche-t'il découragé. Pour lui et tous ceux qui se trouvent dans sa situation, le président des gîtes publics de La réunion lance un appel aux autorités. L'Etat, les collectivités locales, les chambres professionnelles... "Tous ceux qui peuvent nous soutenir dans ces moments difficiles sont les bienvenus" confie-t'il car pour lui "un simple report des charges ne suffira pas. Que ce soit maintenant ou dans six mois, si nous devons payer nous ne parviendrons jamais à sortir de notre endettement car les mois passés sans travailler ne pourront jamais être récupérés".   
 

Combatif, Yves Picard n'a pas encore abandonné. En montagnard, il est prêt à chercher des solutions. A faire preuve d'imagination pour proposer un nouveau type d'accueil et tenter de convaincre les visiteurs de retrouver le chemin des gîtes. 
Une adaptation incontournable pour éviter que la fermeture momentanée des gîtes ne se transforme en arrêt définitif d'une activité constituant une des vitrines du tourisme à La Réunion.