GRAND FORMAT. Face aux violences scolaires, l’école est-elle toujours un sanctuaire pour nos marmailles ?

Avec plus de 420 faits de violences scolaires enregistrés depuis le début de l'année scolaire, l'école joue-t-elle toujours son rôle éducatif et sécuritaire ? Pour le rectorat, les chiffres ne sont pas si alarmants. Les familles de victimes elles, affichent leur déception. C'est le grand format de la semaine sur Réunion La 1ère radio.

L'école est-elle toujours un sanctuaire ? Les violences scolaires sont en augmentation en France et notamment à La Réunion. Mais pour l'académie de La Réunion, la situation n'est pas alarmante.

Les familles de victimes ne sont pas du même avis, tout comme les associations de parents d'élèves, qui dénoncent une omerta de la part de l’institution.

Des parents déconsidérés

Une mère de famille de Sainte-Suzanne est toujours sous le choc.  En novembre dernier, elle voit sa fille de 6 ans rentrer de l'école avec du sang sur ses vêtements.

Elle aurait été violée dans l'établissement par un autre enfant de 10 ans. Le médecin consulté en urgence confirme le viol.

Mais le directeur de l’école refuse de croire que les faits se sont produits au sein de l’établissement scolaire. La mère de famille déplore le manque d'empathie de la part de l’institution et ne comprend pas que l'équipe éducative n'ait pas réagi.

Je pensais que j'allais être soutenue, j'avais besoin d'explications. Mais j'ai compris qu'on allait m'envoyer bouler. Personne n'a remarqué que ma fille n'était pas dans son état normal ? Peut-être qu'ils ont vu quelque chose mais font comme si de rien n'était.

la mère de la jeune victime

Des enseignants pointés du doigt

Marie, elle, a constaté des violences sur son fils de 5 ans, de la part de son enseignante.

À la sortie de l'école la maman remarque un bleu. "La maîtresse nous a confirmé que pour le tourner vers elle, elle lui aurait pincé le nez pour l'interpeller mais qu'elle n'a pas provoqué le bleu", décrit-elle.

Malgré cet échange, son fils lui fait part d'autres faits de violence, "comme le forcer à s'asseoir en lui faisant mal" explique Marie.

Recours à la justice

Elle s'est ensuite confiée à la direction de l'école. Sans solution, la maman a demandé une réunion d'échanges avec l'enseignante, en présence de l'inspecteur de la circonscription concernée. Réunion qui n'a toutefois par permis d'apaiser la situation.

Les actes ont été minimisés. C'était plutôt le procès de notre enfant, en place et lieu de celui de l'enseignante. On essaie de le protéger mais eux ont tendance à se couvrir les uns les autres.

Marie

Démunie, Marie a décidé de porter plainte et d'entamer une procédure judiciaire.

Quelles conséquences sur les enfants ?

Isabelle Poncharville, présidente de l'association des parents d'élèves de l'enseignement public, estime aussi qu'il y a une omerta de l'institution sur le sujet des violences scolaires.

Lorsqu'on demande des réponses pour des faits de violences entre enfants ou entre élèves et enseignants, on n’obtient pas de réponse. Les parents se sentent déconsidérés et les enfants ne veulent plus aller à l'école. Il faut gérer des crises d'angoisse.

Isabelle Poncharville, présidente de l'association des parents d'élèves de l'enseignement public

Augmentation de la phobie scolaire

Sur son divan, Isabelle Gevanety Leveque, psyhcologue, reçoit de plus en plus de jeunes victimes de violences scolaires. Selon elle, les phobies scolaires sont en augmentation exponentielle.

Les enfants se sentent rejetés et exclus, leur lien social est mis à mal. Et pour les parents, c'est très compliqué de reprendre contact avec l'enfant pour qu'il ait confiance en l'institution.

Isabelle Gevanety-Leveque, psychologue pour enfants, adolescents et adultes

Les chiffres du rectorat

Depuis la rentrée scolaire d'août dernier, c'est moins d'un fait de violence (0,83) qui a été remonté à l'académie par établissement, parmi les 495 écoles publiques de l'île. Il s'agirait majoritairement de violences verbales.

Dans le second degré, 320 faits ont été enregistrés dans 121 collèges et lycées de La Réunion.

Quelles sont les sanctions ? 

Avertissements, blâmes, exclusions ou conseils de discipline, les établissements scolaires disposent d'un arsenal de sanctions en cas de violences entre élèves. Les faits les plus graves eux, peuvent relever de l'ordre pénal.

En outre il existe des sanctions administratives pour les faits de violences entre enseignants et élèves. A souligner également que les enseignants notent quant à eux un accroissement des violences de la part des élèves.

Les familles souhaitent que l'école redevienne un sanctuaire, et non plus une forteresse. Pour que leurs enfants puissent s'y épanouir, dans l'intérêt de leur réussite scolaire.