Grève des sociétés de sûreté aéroportuaire : le vol international est parti, les vols domestiques retardés

Il faut patienter devant le portique de filtrage avant de pouvoir s'envoler vers les îles.
La grève dans les deux sociétés de sûreté aéroportuaire est effective depuis ce matin à l'aéroport de Tahiti. Conséquence : des perturbations pour le filtrage des vols domestiques par manque d'agents de sûreté, mais pas pour le vol international parti à 7h40.

Si le vol d'Air France de 7h40 est parti sans encombres ce matin, ce n'est pas le cas des vols domestiques suite à cette première journée de grève des 2 sociétés de sûreté aéroportuaire, Tahiti Sûreté et South Pacific Security.

En effet, du retard est constaté pour les vols inter-îles. En cause : un portique de sécurité sur 2 ouvert car l’un des agents de Tahiti Sûreté a cessé le travail. 

Pas de fluidité comme à l'accoutumée, car des agents de sûreté assurant le filtrage sont en grève.

Résultat : des files d'attente avant de pouvoir passer le filtre de sécurité. De quoi surprendre nombre de passagers. "On patiente, dit Loïc qui arrive pour la première fois en Polynésie en vacances, cela fait une peite heure qu'on attend...On nous a expliqué qu'il fallait que les files d'attente soient terminées pour qu'on puisse prendre notre avion. Il n'y a pas de risque pour le vol mais il y a du retard". 

Stevens prend aussi son mal en patience. Il a été averti d'éventuelles perturbations via les réseaux sociaux. Du coup, il est venu en avance au terminal des vols domestiques. Malgré tout il doit attendre son tour. Il n'est pas dupe, comme beaucoup il sait que c'est le bon moment pour des salariés de faire entendre leurs doléances. "Il y a un impact derrière, il y a les JO, du monde arrive et forcément c'est l'heure où il faut faire les demandes".

Moins d'agents de sûreté, donc un seul tapis fonctionne aujourd'hui contre deux habituellement pour les vols domestiques.

Toimata, agent de régulation de la société Tahiti Gestion PPS, constate elle aussi ces files d'attente inhabituelles. "Il y a 3 lignes, une pour ceux qui partent en premier, et ainsi de suite, explique-t-elle, et malgré ça, cela prend encore beaucoup de temps parce qu'à l'intérieur il n'y a qu'un seul tapis qui est ouvert, ce qui fait que cela prend encore plus de temps pour ceux qui doivent partir maintenant...Normalement il y en a 2, cette fois-ci il n'y en qu'un seul et ils sont uniquement 3 agents (de sûreté)...En temps normal, c'est fluide, ça circule".

Effet boule de neige

En somme, le retard d'un vol se répercute sur les suivants. Un effet boule de neige, auquel s'attendait certainement les grévistes qui ont installé leur piquet devant le hall de l'aéroport. Nuutea Nena, agent de sûreté pour les vols domestiques et déléguée du personnel de South Pacific security (SPS), affirme que "nous sommes pour le moment 80% des agents en grève... les (agents) "régaliens" (affectés aux vols internationaux) ont assuré leur vol ce matin, mais jusqu'à quand ?", se demande-t-elle.

Car les agents dits régaliens bénéficient, selon Nuutea Nena, déjà du 13e mois. Mais les autres, ceux qui s'occupent de la sûreté des vols domestiques, ne l'ont pas.

Ces agents de sûreté aéroportuaire ont cessé le travail.

Et c'est l'une de leurs revendications. Un point déjà discuté selon le directeur de Tahiti Sûreté. "Nous, on a refait la même proposition, on est d'accord pour le 13e mois, on est d'accord pour discuter d'autres points évoqués, mais on a demandé une petite contrepartie qui représente 5% par rapport aux 95% que nous faisons", explique Vincent Dubois, le directeur général de Tahiti Sûreté.

Du donnant-donnant, en fait "deux clauses de la convention collective que je souhaite voir revenir au niveau du code du travail en échange d'un 13e mois dans la convention collective", précise-t-il.

Les agents de sûreté annoncent la couleur.

Selon les grévistes de SPS, les non-grévistes devront assurer beaucoup de vols domestiques aujourd'hui, environ une vingtaine mais "sans relève...jusqu'à quand ils vont tenir ?"  

De leur côté, les compagnies aériennes locales, Air Tahiti et Air Moana, impactées par cette grève, confirment qu'elles assurent tous leurs vols mais avec du retard.

Le reportage de Raihei Nadjarian :

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