20 à 30 ans de prison requis contre les 3 personnes accusées d'assassinat sur fond de sorcellerie

Le palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité. Il abrite la cour d'appel de Paris, la cour d'assises spéciale (affaires sensibles) et la Cour de cassation.
Vingt à trente ans de réclusion criminelle ont été requis jeudi à la cour d'assises de Paris contre trois personnes accusées de l'assassinat d'une femme de 36 ans en 2019, sur fond de sorcellerie vaudou. Il y a un peu plus de 4 ans, le corps de Sylvia G., Martiniquaise, mère de deux enfants, était retrouvé, enterré dans Le Val d'Oise, en région parisienne. Après enquête, trois personnes dont Christy D., une Guadeloupéenne, son ex-compagne, avaient été arrêtées et inculpées pour assassinat.

Deux femmes et un homme comparaissent depuis ce mardi (4 avril) devant la cour d'assises de Paris pour l'assassinat en 2019, sur fond de sorcellerie vaudoue, d'une femme de 36 ans, épouse de l'une des accusées. 

Christy Daupin, Guadeloupéenne, l'épouse, longues tresses attachées dans le dos et lunettes rectangulaires sur le nez, est une ex-agente RATP âgée de 42 ans.

Iven Webster, 30 ans, Néerlandais d'origine haïtienne, ancien cuisinier, cheveux courts, petite moustache, est soupçonné d'être l'intermédiaire avec la prêtresse vaudoue.

Sabrina Moreau, longs cheveux châtains tombants autour de son visage défait, mouchoir serré dans la main, ex-employée commerciale de 32 ans, était la nouvelle compagne de Christy Daupin. 

Sylvia G., Martiniquaise, mère de deux jeunes enfants et employée d'une enseigne de bricolage, avait été tuée dans le sous-sol de son immeuble à Paris, lors d'un véritable "guet-apens" clame l'accusation. Selon l'une des accusées, c'est une "séance de désenvoûtement qui a mal tourné".
Le corps de la victime avait été découvert un mois plus tard dans un sous-bois de région parisienne. 

Une affaire compliquée

Les enquêteurs s'étaient rapidement intéressés aux tensions qui existaient dans le couple qu'elle formait avec Christy Daupin. Mariées en 2014, les deux femmes vivaient sous le même toit mais étaient séparées depuis un an. 
Sylvia G. avait donné naissance à des jumeaux en 2013 et une procédure d'adoption avait été lancée au bénéfice de son épouse. Mais la victime avait confié à ses proches peu avant ne plus vouloir que Christy Daupin puisse exercer de droits sur les enfants.

Plusieurs témoignages faisaient état de violences et de menaces de mort proférées par Christy Daupin qui suspectait, selon l'accusation, son épouse d'avoir été envoûtée par sa nouvelle petite amie.

Selon l'enquête, un de ses coaccusés, Iven Webster, l'avait mise en contact courant 2018 avec une "prêtresse vaudoue" vivant en Haïti. 
Christy Daupin s'était rapidement imprégnée de cette croyance et persuadée que Sylvia, sous l'emprise d'un sort, voulait la tuer, "vendre l'âme de leurs enfants", voire vendre les organes des jumeaux.

Selon l'accusation, l'assassinat de Sylvia G. s'est produit en présence de Christy Daupin, de sa nouvelle relation amoureuse, Sabrina Moreau, et d'Iven Webster. Les causes de la mort n'ont pas pu être déterminées.
Seule Sabrina Moreau reconnaît l'intention homicide, expliquant lors de l'instruction que la "sorcière vaudoue" avait convaincu Christy Daupin de la nécessité d'éliminer Sylvia G.

La préméditation ne fait aucun doute pour l'avocate générale

"L'intention homicide ne fait aucun doute" et "la préméditation est constituée", a estimé l'avocate générale Sylvie Kachaner lors de son réquisitoire.

S'il y a trois "coauteurs", il y a une "responsable essentielle", a estimé jeudi l'avocate générale : Christy Daupin, "bénéficiaire principale de l'acte", qui a "éliminé la mère de ses enfants" pour "obtenir un statut auprès" de ces derniers.

Ecartant la version d'un "désenvoûtement ayant mal tourné", elle a estimé que le vaudou n'était qu'"évanescent" dans ce dossier, un simple motif pour la "pousser" vers le but qu'elle poursuivait.

A son encontre, l'avocate générale a requis trente ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté de vingt ans, pour "protéger la famille" de Sylvia d'une "sortie avant l'heure".

Contre ses deux acolytes qui "ont une égale participation dans la commission des faits", elle a requis vingt-cinq ans pour Iven Webster et "vingt à vingt-deux ans" pour Sabrina Moreau.