Crash de 1962 : de surprenantes conclusions avant recherche

Ronald Selbonne, au micro
L’ouvrage « Albert Béville alias Paul Niger » de Ronald Selbonne vient de paraître aux éditions Ibis Rouge. Il sera présenté samedi 6 avril à 18h30 à la bibliothèque Paul Mado de Baie-Mahault. Ce sera aussi l’occasion de faire le point sur le crash de 1962 à Deshaies.

Plusieurs pistes

Que s’est-il passé le 22 juin 1962 à bord du vol 117 qui devait relier Paris et Pointe-à-Pitre ? Différentes thèses tentent de répondre à cette question, sans que, jusqu’à présent, une seule n’ait été véritablement validée. La thèse de l’accident existe, mais elle n’est pas la seule. Celle du complot, de l’attentat, est aussi appuyée : des témoins ont vu l’avion exploser en vol, avant qu’il ne s’éparpille à terre. La présentation de l'ouvrage de Ronald Selbonne qui vient de paraître sur Albert Béville est aussi l'occasion de faire le point, samedi soir à Baie-Mahault. 
Ecoutez l'analyse de Franck Aristide : 


Un excellent film

De précieux documents ont déjà été publiés et parmi eux, un excellent film, produit par le CORECA (COntact et REcherche Caraïbe), à partir des documents réunis par Ronald Selbonne. Ce film, réalisé par Alain Andréa et Laurent Longchamps retrace très précisément les 10 dernières minutes enregistrées par la tour de contrôle. « A l’époque -nous dit Ronald Selbonne, -les boîtes noires n’enregistraient pas les conversations de la cabine ».  Ce film a donc utilisé les meilleurs documents à disposition.


Rodolphe Alexandre les conclusions avant la recherche ?

Rodolphe Alexandre intervient en dernier, avec des déclarations quelque peu surprenantes. L’actuel président de la région Guyane affirme que le Président de la République lui a donné autorisation pour la consultation des archives de l’aviation civile concernant le crash de 1962. On ne peut que s’interroger sur la sincérité d’une telle déclaration, car tous les historiens que nous avons contactés nous ont spécifiés que les archives sont ouvertes à tout le monde. Le temps du secret est simplement levé, la période obligatoire est terminée.  


Les conclusions de Rodolphe Alexandre réfutées par les chercheurs

Plus surprenant encore, les conclusions de Rodolphe Alexandre, avant même qu’il n’ait commencé à travailler sur le dossier. Il n’a même pas encore consulté les documents, qu’il a déjà une certitude, celle de l’accident : « Si l’état français avait voulu se débarrasser d'Albert Béville et Justin Catayée, il s’y serait pris autrement, plus discrètement ». Là encore, les Chercheurs réagissent en précisant qu’aucune conclusion ne peut intervenir avant même le travail de recherche : la science a besoin de preuve. Ronald Selbonne nous précise même que « ces enregistreurs de vols ne donneront que des indicateurs de vitesse, d’altitudes, de trajectoires, de fonctionnement moteur… Mais en même temps, je me dis pourquoi l’avoir caché ».  


René Bélénus et la raison d’état

L’Historien René Bélénus précise pour sa part que si l’hypothèse de l’accident reste à envisager, celle de l’attentat ne peut en aucun cas être écartée. Il insiste cependant sur le fait que si véritablement attentat il y a eu, alors, nous risquons de ne jamais le savoir : « la raison d’état l’emportera, il ne faut pas se faire d’illusions. Des documents ?  On en aura jamais ».
Ecoutez René Bélénus : 


 

Des ouvrages à lire : 
- Crash du boeing 707 d’Air France : Château de Chantilly à Caféière Deshaies par Jacques Dancale et Christine Mathiasin ed. Deshaies, Animobile du nord, 2004

- Ronald Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger, éd. Ibis Rouge, 2013