Littlebigman : "Laissez une chance à la Paix"

Littlebigman pendant le tournage du clip
Dans le concert chaotique des nouvelles alarmantes d’une société guadeloupéenne en proie à un déferlement de violence, d’autres voix se font entendre. Elles appellent au calme. C’est le cas de Littlebigman qui met son talent au service de la cause de la paix. 
Il ne se passe pas une semaine, sans qu’une tragédie vienne endeuiller la Guadeloupe. Désormais département qui enregistre le plus grand nombre de crimes, notre Archipel connaît une crise dont il tente malgré tout de sortir. Par le haut. Ainsi, viennent de toutes parts, des voix qui hurlent « stop à la violence ». La semaine dernière, le Procureur de la République faisait une déclaration en ce sens, mettant l’accent sur le nombre, toujours croissant des homicides.
Un chanteur a choisi de mettre son talent au service de la cause de la paix. Littlebigman a créé une chanson et un clip, dans lesquels il dit son refus d’accepter la brutalité comme fatalité. Il met l’accent sur le deuil des familles. Son clip, « On dot manman ka pléré » est un appel à la responsabilité, à l’humanité et à l’émotion. Entretien.
 
 
  • Comment est née la chanson « On dot manman ka pléré » ?  Et le clip ?
Ce clip est la mise en image de ma chanson « on dot manman ka pléré » titre extrait de mon album « Caribbean Pop Urban Style ». Cette chanson a d’abord été faite pour une compilation qui devait sortir depuis 2007 produite par Staniski (Samuel Stanislas) car la musique de la chanson est composée par lui.
Finalement le projet ne s'est pas réalisé alors j’ai gardé la chanson pour mon album. Pour écrire ce texte, je me suis inspiré de plusieurs fait divers survenus en Guadeloupe et d’un fait réel arrivé à un ami… Par la suite, je me suis rendu compte de la force que dégageait cette chanson auprès du public après l’avoir interprété à plusieurs reprises sur scène. J’ai donc décidé de mettre cette chanson en image en utilisant des images chocs mais sans pour autant tomber dans le racolage visuel ce qui n’est pas évident… Le tournage s’est fait sur 2 jours à Jarry (en studio et en extérieur), à Raizet et dans quelques quartiers populaires de Pointe-à-Pitre, sans oublier la rue Frébault (toujours à Pointe-à-Pitre).
 
  • Pouvez-vous nous résumer ce que le clip raconte ?
L’histoire du clip, c’est un homme qui fait part de son ressenti par rapport à l’ampleur que la violence est en train de prendre autour de lui. Il y a de la colère, de la tristesse, de l’indignation dans le ton qu’il emploie. Le spectateur pénètre son esprit d’une certaine façon avec les unes des journaux ainsi que les images d’archives qui défilent à toute vitesse à l’écran pour comprendre son état d’esprit. Les idées de prises de vues sont des propositions du réalisateur Marvyn Sainte-Luce de la boite de production (Made Inside) et de moi-même. Pour les coupons de journaux, nous nous sommes rendus directement à France-Antilles afin d’obtenir l’autorisation de les exploiter. 
 
  • Ce clip tourne depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Quels retours en avez-vous eu ?
J’ai des retours très positif sur ce clip. Les gens le partagent de manière spontanée et j’ai droit à beaucoup de félicitations. Une dame m’a même avoué qu’elle s’est retrouvée en larmes après l’avoir visionné. Je pense que le clip est bien regardé mais avec internet, c’est difficile à évaluer malgré les vues qui sont précisées car les gens téléchargent les clips directement sur leurs ordinateurs ou sur leurs smartphones. Et je n’ai pas l’intention de gonfler artificiellement les vues du clip comme certains car je veux vraiment voir l’impact de mon travail même si ce n’est pas très évident. A la fin du clip, je livre une pensée écrite où je dis que si il n’y a pas de prise de conscience alors notre société Guadeloupéenne sombrera dans le chaos.
 
  • Quelle est ta vision des choses, quant à l’évolution de la violence en Guadeloupe ?
Sincèrement je suis très pessimiste quand à l’évolution de la situation en Guadeloupe et je ne suis pas le seul….Le chômage chez les jeunes augmente dangereusement, la drogue et les armes circulent librement et les inégalités sociales grandissent de plus en plus … Mais le pire dans tout ça, c’est que les personnes qui sont qualifiées pour traiter ce problème semblent soit totalement dépassées par les événements ou pas du tout concernées par ce qui se passe ou alors c’est un mélange des deux …Il faut savoir que chez nous il y a des gens qui vivent dans une bulle et elles tiennent à y rester.
Voilà le clip "On dot Manman ka pléré" :