Hélène Michel Donadieu : l'originalité et la force du collage

Connaissez-vous le monde du collage ? Il s’agit d’un univers à part entière, laissant libre cours à la créativité. Un art dans lequel excelle Hélène Michel Donadieu, lauréate de nombreux prix. Découverte.
Hélène Michel-Donadieu a reçu le 1er prix du salon du collage contemporain, 2013,  Paris, avec 3 œuvres présentées. L'artiste a été récompensée à de nombreuses autres reprises pour ses créations. Elle nous présente ici l’art avec lequel elle a choisi de s’exprimer, un art méconnu, mais pourtant utilisé par les plus grands, comme Picasso. 

  • Comment êtes-vous arrivée au monde du collage ?
C’est un souvenir très personnel : ma sœur m’a offert un perroquet en collage, resté enfermé dans un carton pendant quelques années, jusqu’à ce que je le fasse encadrer et qu’il m’accompagne au quotidien. Un après-midi, j’étais chez mes parents, à Saint-Barthélemy, je feuilletais des magazines de luxe. C’est là que je me suis lancée, seule, pendant mes vacances. J’ai ensuite eu la chance de faire ma première expo avec le galliériste Claude Flavier en 1996. Puis, petit à petit je me suis mise à travailler mes collages, de plus en plus… Depuis 2005, je suis devenue artiste « professionnelle ».
 
  • Vous êtes donc une professionnelle, mais peut-on vivre aujourd’hui de l’art ?
Non, c’est difficile, car le marché de l’art contemporain est assez restreint. Alors, j’ai organisé des activités qui tournent autour de l’art que j’aime. Par exemple, j’anime des ateliers de collage, où j’aborde cet art, comme un cours de peinture, à travers tous les mouvements artistiques du 20ème siècle.
Le collage est un art à part entière qui a traversé tous les mouvements artistiques. Il a été réinventé « par Picasso. Dans mes ateliers, il y a toujours une partie théorique et une pratique papier, ciseaux, colle. Evidemment, on peut faire du collage comme Dada, mais on peut  aussi savoir ce qu’est véritablement une composition, les couleurs, les formes …
 
Papier, ciseaux, colle, sont les éléments de base du collage, mais quels sont les supports sur lesquels vous travaillez ?
C’est vrai que j’adore manier les papiers. Mais mon support de base est essentiellement le bois que j’apprête comme une toile de peintre, avec un potentiel hydrogène le plus neutre et le plus alcalin possible, pour garantir une certaine durabilité. L’ennemi du collage, c’est l’acidité. Et comme je travaille avec des matériaux de récupération, le plus souvent,  je crée des barrières qui neutralisent l’acidité et la pérennité de la création. L’aspect technique est très important, si on ne veut pas faire une œuvre éphémère.
Et puis, Je fais moi-même de la pâte à papier, du papier mâché ; j’utilise aussi du vernis pour protéger mes œuvres. En fait, l’art du collage, est un peu l’art du pauvre ,
 
  • De grands artistes se sont essayés à cet art ?
Il est vrai que collage va de pair avec poésie et littérature. Je citais tout à l’heure le mouvement Dada, et, au  début du 20ème siècle, les poètes comme Louis Aragon ou Jacques Prévert ont pratiqué le collage. De même que Max Ernst. En fait, le collage est un autre mode d’écriture avec du papier. Au lieu de dessiner et d’écrire avec un crayon et de l’encre, on utilise le papier dont on a travaillé l’imagerie. J’appelle ça « khartégraphie ». Je ne crois pas du tout à la disparition du papier, dans notre ère moderne.  Bien au contraire.