Tep Scan et Cyclotron, les Guadeloupéens se mobilisent

Depuis 2003 l’outil fait partie des divers plans cancer mis en place. Pourtant les Guadeloupéens ne peuvent toujours pas en bénéficier. Une pétition est ouverte depuis peu afin de faire bouger les choses. Elle compte déjà 2000 signatures.
Chaque année de nombreux Guadeloupéens meurent à cause du cancer ou de maladies cardio-vasculaires. Pour les initiateurs de la pétition, il est temps que les politiques s’emparent du dossier d’autant plus qu’ils peuvent se substituer à l’Etat sur cette question via une clause de compétence générale.
Cela a déjà permis au centre hospitalier de Basse-Terre de bénéficier d’un scanner.

Le Tep Scan, c’est quoi ?

La Tomographie par Emission de Positrons est un examen qui consiste à injecter un produit légèrement radioactif dans le corps. Cet isotope va se fixer sur les tumeurs ou métastases afin de les mettre en évidence.
Le plus fréquemment utilisé lors d'un Tep Scan est le Fluorodésoxyglucose, une sorte de sucre fluoré dont la durée de vie n'excède pas 2 heures.
Cette durée de vie très courte permet d’éviter d'être irradié durablement.
Davantage de précisions sur quelques isotopes avec l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire

Réalité géographique

Le Tep Scan est l’unique moyen de détecter certains cancers comme les lymphomes. Le patient qui en souffre et qui aurait les moyens financiers de prendre l’avion pour subir l’examen hors du département prendrait des risques à cause des atteintes pulmonaires provoquées par sa maladie, incompatibles avec un voyage en avion.
Par ailleurs le Tep Scan dépasse largement le seul cas des lymphomes. Il est utilisé pour le diagnostic et le suivi d’autres pathologies. 

Pas seulement le cancer

L’outil permet l’observation des cellules. Il est donc approprié pour détecter et observer les cancers, mais également pour d’autres examens médicaux.
Il a sa place dans le dépistage de la maladie d’Alzheimer au stade précoce, et pour des examens cardiaques.
A titre d’exemple un examen avec le Tep Scan peut permettre d’anticiper l’infarctus et d’orienter le patient vers un pontage lui assurant de conserver la totalité de ses capacités cardiaques.
Or, après un infarctus, même s’il fait l’objet d’un pontage, le cœur restera partiellement handicapé du fait de l’infarctus.


Tep Scan et Cyclotron, la paire

Qui dit Tep Scan, dit Cyclotron. C’est cet équipement qui permet d’obtenir les isotopes.
L’objet de la pétition est de mettre en place les deux équipements en Guadeloupe. A l’échelle nationale, il y a 114 Tep Scan, pour une vingtaine de Cyclotron. Le ratio ne serait-il pas assez rentable pour la seule Guadeloupe ?
Un malade reste un malade, peu importe son lieu de résidence et il a droit au même accès aux soins. C’est d’ailleurs ce que préconise le dernier plan cancer. 


Que dit le plan cancer ?

Onze ans après le premier plan, seuls les départements de Guadeloupe et de Martinique ne disposent pas d’accès à un Cyclotron, nécessaire à l’exploitation d’un équipement TEP.
Le plan 2014-2019 souligne que « la perte de chance pour les patients est réelle, et l’inégalité d’accès aux soins est quotidienne ».
Il a pour principal objectif de « donner les mêmes chances à tous, partout en France »…Ou encore de « réduire les inégalités territoriales et harmoniser les délais d’accès à l’IRM et la TEP […] en ajustant le maillage territorial des équipements IRM et TEP-Cyclotron, sous la responsabilité des Agences Régionales de Santé  pour corriger les inégalités d’accès, et les situations territoriales identifiées comme critiques ».
Les plans se suivent donc, mais après les plans 2003-2007 et 2009-2013 leurs acteurs n’ont visiblement pas encore trouvé les moyens d’atteindre les objectifs qu’ils énumèrent. D’autant plus quand on considère la prévalence très élevée de certains cancers dans notre département, comme celui de la prostate, en grande partie dû au chlordécone.


Pas un luxe

Selon les chiffres de l’Observatoire régional de la santé, en Guadeloupe on dénombre annuellement :
  • 763 morts d’origine cardio-vasculaire, soit 29% de la mortalité pathologique.
  • 616 décès par cancer dont une partie liée au Chlordécone.
Plus de 1300 personnes chaque année…Bien assez pour les citoyens à l’origine de la pétition. 

"Non" à un seul Cyclotron, Guadeloupe / Martinique, pourquoi ?

L’Etat, envisage de placer un Cyclotron en Martinique à l’usage dédié aux deux départements.
Ce qui semble être une solution pour Paris serait une nouvelle source de complications pour les initiateurs la pétition. Ils motivent leur argumentaire par  la nature même des produits créés.
Les isotopes injectés pour le Tep Scan sont très faiblement radioactifs. A un point tel que leur durée de vie est de 109 minutes. Le problème en disposant d’un seul Cyclotron pour les deux départements serait multiple :
  • Il faudrait plus fortement charger les isotopes en radioactivité, afin qu’ils soient exploitables après le transport.
  • Moins d’examens seraient dispensés au final de la part des personnels en Guadeloupe, afin d’éviter une surexposition vu l’obligation de d’augmenter la charge radioactive des isotopes.
  • La possibilité d’utiliser aussi le Cyclotron à des fins de recherche universitaire sachant que la faculté de Sciences se trouve en Guadeloupe serait réduite.

Les initiateurs espèrent susciter une réaction de la part des politiques. Ils attendent qu'ils s'approprient enfin, ce sujet de santé publique.
Pour ceux qui souhaitent y participer, la pétition peut être consultée en ligne, ici.

L’examen et ses avantages
Une tumeur cancéreuse n'est pas une masse inerte. C'est un amas de cellules qui se divisent de manière incontrôlée et qui consomment beaucoup d'énergie.
Une tumeur ou une métastase est donc une zone à haute activité métabolique. Le Tep scan sert à la détecter et à surveiller son évolution.
  • Première étape, le médecin injecte un isotope dans le corps du patient. Il va se fixer sur les masses anormalement actives. Cela peut prendre une à deux heures.
  • Deuxième étape, via le Tep Scan. L’appareil comprend une table sur laquelle le patient s’allonge et une partie en forme de tube dans lequel se trouvent de nombreux capteurs, sensibles au rayonnement radioactif de l'isotope. La table coulisse à l’intérieur de ce tube.
  • Troisième étape, sur la base des données enregistrées, de puissants ordinateurs reconstruisent les images finales.
Le Tep Scan permet l'examen de l’ensemble du corps en une seule fois et donc la traque des métastases. Préparation non comprise, il dure environ 50 minutes.
Il est aussi un  moyen de visualiser les plus petites tumeurs qui ne sont pas toujours visibles aux examens radiologiques classiques et de différencier une masse bénigne et une tumeur cancéreuse.

Précautions particulières
Il faut être à jeun.
L’outil est cependant formellement contre-indiqué en cas de grossesse ou d'allaitement.