2023-2024 : bilan et projection moroses pour les acteurs du monde économique

Bilan morose de l'année 2023, pour les acteurs du monde économique.
En cette fin d’année 2023, les syndicats de salariés et organisations patronales font le bilan et préparent 2024. Les uns promettent de continuer à rendre coup pour coup, les autres redoutent les difficultés à venir. Les points de vue de la CGTG et de la FTPE, dans cet article.

2023 s’achève. C’est donc l’heure du bilan de l’année.
Sur le plan social, l’année aura été marquée par la lutte contre la réforme des retraites.
Sur le plan économique, les douze derniers mois n’ont pas été propices au développement et, donc, pour la situation des entreprises.

Le Bilan 2023 de la CGTG

La Confédération Générale du Travail de la Guadeloupe (CGTG) est sur le pied de guerre, après des luttes sociales qui se sont révélées trop souvent vaines, dont celle menée contre la réforme des retraites en 2023.
Pour le syndicat de salariés, il faut aujourd’hui passer des luttes défensives, menées pour la classe ouvrière en général, à des combats plus offensifs. Quant aux travailleurs du public et du privé, ils doivent faire cause commune pour faire bouger les lignes, estime Jean-Marie Nomertin.
Le secrétaire général de la CGTG invite chacun, les jeunes en particulier, à rejoindre la lutte syndicale, pour que collectivement les travailleurs fassent avancer les choses en leur faveur.

2023 a été une période très difficile avec les conséquences que l’on connaît : au niveau social, il y a une misère terrible, un tas de licenciements, beaucoup de précarité... cette situation est en lien avec les assassinats, les jeunes qui finissent en prison faute de perspective pour eux, le départ définitif de ceux qui partent (...).

Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG [traduction du créole]

Le CGTG estime que les politiques locaux et l’Etat ont une part de responsabilité, dans cette situation.
Le syndicat dénonce le fait que les dotations aux collectivités ont diminué, sans compter les cas de mauvaise gestion, alors que des sommes colossales doivent être régulièrement mobilisées pour la dépollution de l’eau, ou encore la gestion des algues sargasses. Dans ce contexte, la majorité des communes fait face à des difficultés financières, dénonce Jean-Marie Nomertin.

On voit la situation dans les collectivités : malgré les rapports successifs de la Chambre régionale des comptes, le problème de fond n’est pas posé, ni par la CRC ni par les politiciens locaux (...).

Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG [traduction du créole]

Et que fait le patronat des sommes tirées des exonérations concédées par l’Etat ?

Un contrôle de ces fonds est nécessaire. Que fait-il de cet argent ? Combien d’emplois sont créés ? Combien d’emplois sont sauvegardés ?

Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG [traduction du créole]

 

Le bilan 2023 de la FTPE

La Fédération des très petites entreprises (FTPE) rassemble les sociétés de moins de 0 à 19 salariés, dont les autoentrepreneurs. Ces structures économiques représentent la majeure partie du tissu économique local.

Pour le président de la FTPE Guadeloupe, Alan Nagam, "on est en train d’abandonner la Guadeloupe", en ne prenant pas de mesures contre les problèmes connus, dont le vieillissement de la population, le chômage des jeunes et l’exode des cerveaux.

L’année sur le point de s’achever n’a pas été prospère : les entreprises ont peiné à se développer, regrette Alan Nagam. 2023 a aussi été une année de transition, en raison des nombreuses réformes gouvernementales. Et le syndicat patronal craint de nouvelles difficultés à venir, en 2024, pour ses mandants, qui ne bénéficient pas des aides octroyées aux grands groupes.

Mais alors, comment sortir la tête de l’eau, après la crise économique et l’inflation ? Il faut changer de modèle économique, en prenant en considération les jeunes générations.

Vous sortez d’une crise économique, vous entrez dans la crise sanitaire t vous revenez aujourd’hui à une crise économique due à l’inflation... c’est la mort des entreprise ! Ce qu’il faut surtout regarder : à quel moment monde économique et monde politique, on s’est assis pour réfléchir à la situation du pays ? (...) On est dans l’acceptation, le conformisme de la situation (...)

Alan Nagam, président de la FTPE

Et pourquoi la Guadeloupe ne miserait-elle pas sur l’Intelligence artificielle ? Malgré les réticences, il faut que les entreprises locales entrent dans la danse du numérique et changent leur modèle de structuration, estime le président de la FTPE.

Ce dernier regrette, par ailleurs, la non-validation de la zone franche sociale de Guadeloupe, qui aurait permis à bon nombre d’entreprises de se maintenir à flot.

On aura des entreprises qui vont disparaître là, ce mois-ci. 2024 sera très difficile à relancer. L’agriculture est moribonde et on est à 99% d’importation, en cette période de fin d’année ! Est-ce que vous pensez que c’est comme cela qu’on va rendre un pays prospère ? On n’a pas de production, pas d’industrialisation et on est dans la misère sociale !

Alan Nagam, président de la FTPE

Des avis de deux maillons du monde économique de la Guadeloupe moroses et qui se rejoignent sur au moins un point : la nécessité de penser l’avenir de la Guadeloupe, pour et avec les jeunes du pays.