En Haïti, 30 à 50 % des membres de gangs sont des enfants, selon l'Unicef

Enfants jouant dans la cour d'un refuge pour familles, Port-au-Prince, Haïti, 14 mars 2024
Les Nations unies estiment que 30 à 50 % des membres des groupes armés haïtiens sont des enfants. Des victimes innocentes parfois contraintes de se rallier à ces gangs pour subvenir aux besoins de leurs familles, par désespoir ou peur.

Ils sont des victimes de la situation actuelle en Haïti. Selon les Nations Unies, la situation des enfants dans le pays est désastreuse. 3 millions d'entre eux ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Face à la montée et à la violence des gangs, souvent à la recherche de moyens de survie ou de protection, de nombreux petits Haïtiens sont contraints de se joindre à ces bandes armées, indique l'Unicef. 

Les enfants d’Haïti sont pris dans un cercle vicieux de souffrances. Ils sont poussés à rejoindre les groupes armés par pur désespoir, notamment à cause de l’indicible violence, de la pauvreté et de l’effondrement des systèmes qui devraient les protéger.

Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance alerte sur les dégâts irréversibles que ces affiliations et la perte de leur lien avec la communauté, peuvent avoir sur cette population fragile. Les enfants sont utilisés par les groupes armés pour différentes tâches, notamment en tant que cuisiniers, nettoyeurs, "épouses" ou guetteurs. Pour l'Unicef, il est urgent d'agir en les sortant de ces groupes armés, "en veillant à leur réintégration dans la société et en leur facilitant l’accès aux services essentiels et à l’aide".

Les gangs armés contrôlent 80% de la capitale, Port-au-Prince. Des quartiers dans lesquels vivent plus d'un demi-million d’enfants susceptibles d'être victimes de la violence ou d'être recrutés.

Souvent, précise l'Unicef, ce choix de rejoindre un gang est fait "pour subvenir aux besoins de leur famille, soit en raison des menaces qui pèsent sur eux. En outre, de nombreux enfants rejoignent des groupes après avoir été séparés de leur famille, afin de survivre et de bénéficier d’une forme de protection".

La mission première de l'Unicef étant de défendre les droits des enfants, l'institution insiste sur les violations dont se rendent coupables les bandes armées. 

En conséquence, "l’Unicef et les ministères de la justice, de l’éducation, du travail et des affaires sociales d’Haïti se sont récemment mis d’accord sur des méthodes de travail communes pour soutenir la réintégration des enfants qui étaient auparavant membres de groupes armés. Cet accord représente une étape importante dans la préservation de leur bien-être".

C'est donc un cri d'alarme que lance aujourd'hui l'Unicef qui demande à la communauté internationale d’accélérer ses efforts pour protéger les enfants en Haïti :

  • En veillant à ce que la mission de sécurité soutenue par la communauté internationale donne la priorité à la protection des enfants, à la sécurité des civils et au respect du droit et de l’accès humanitaire pour permettre l’action humanitaire.
  • En soutenant les efforts visant à prévenir et à mettre fin aux violations graves commises à l’encontre des enfants, notamment en protégeant les écoles, les hôpitaux et les autres installations dont dépendent les enfants, et en sauvegardant les espaces humanitaires.
  • En renforçant le soutien aux efforts déployés dans le pays pour garantir un accès humanitaire durable, prévisible et sans entrave à grande échelle, y compris la circulation en toute sécurité des travailleurs humanitaires et de première ligne et la fourniture de services et d’équipements essentiels aux populations dans le besoin.
  • En augmentant le financement immédiat et flexible pour répondre aux besoins humanitaires et de protection des plus vulnérables au fur et à mesure que la situation évolue, en veillant à ce que l’aide parvienne le plus rapidement possible aux enfants touchés, y compris ceux qui se sont échappés ou ont été libérés des groupes armés.