En Guadeloupe, comme dans l’Hexagone, le nombre d’animaux recueillis par la Société protectrice des animaux (SPA) est toujours trop élevé. Les refuges manquent de place, quand ils ne sont pas complètement saturés.
C’est le cas du Refuge du Papillon, seule structure de la SPA en Guadeloupe, qui siège aux Abymes. L’année 2022 a été marquée par une nette augmentation de la prise en charge, parce que la durée moyenne des séjours des animaux accueillis s’allonge. Le travail de rééducation et de socialisation de certains chiens prend du temps et retarde leur mise à l’adoption ; de surcroît, il est parfois difficile de trouver une famille apte à s’en occuper.
Car, non, on n’adopte pas un chat et encore moins un chien comme on veut...
Adopter un animal, une démarche qui n’est pas anodine
C’est un reproche que l’on nous fait souvent. Les gens viennent et nous disent : "Je veux voir les chiens, parce que je veux adopter un chien". Et ça ne se passe pas comme ça. Très clairement, on ne vient pas ici et on ne repart pas avec un animal immédiatement (...).
Isabelle Thély, responsable SPA du Refuge du Papillon, aux Abymes
Un projet d’adoption, d’un chien ou d’un chat, doit être réfléchi, longuement mûri.
Chaque chien a des besoins spécifiques à prendre en compte. Certaines races sont dites "à besoins particuliers" ; ce qui induit une socialisation plus difficile.
Socialiser un chien : un travail de longue haleine
Des chiens à besoins particuliers sont parfois confiés à des gens qui ne sont pas prévenus du potentiel de l’animal, ni de son caractère. Les adoptants se basent sur des critères de beauté.
Mais certaines races, en plus de leur beauté, conjuguent intelligence et vivacité et ont un comportement difficilement acceptable en famille.
En Guadeloupe, comme en métropole, on a un problème avec les Bergers Belges Malinois et avec tous les types de chiens molossoïdes (Américains Staffs, Américains Staffs croisés...) ; il y en a énormément qui sont abandonnés. Les Malinois, essentiellement parce que les gens vont rencontrer des problématiques avec des chiens qui vont être très excités, très excitables, ils ne vont plus pouvoir gérer, même s’ils aiment leur chien.
Isabelle Thély, responsable SPA du Refuge du Papillon, aux Abymes
Avec de tels chiens molossoïdes, très énergiques, un accident peut arriver ; la parade, pour certains propriétaires qui ne parviennent pas à gérer cette excitation, est de les attacher sous un arbre.
Et, trop souvent, quand le maître ou la maîtresse se sent dépassé, l’animal est abandonné.
Les difficultés de socialisation concernent aussi les chiens élevés en vase clos ; ceux-là seront effrayés par tout ce qui est nouveau, même par les autres chiens.
Le refuge de la SPA saturé
Il faut donc une prise en charge particulière pour certains chiens ; idem pour les chats. Et cela prend du temps ; plusieurs mois, parfois. Or les places sont limitées : il y en a 20 pour les chiens et 20 pour les chats au Refuge du Papillon, qui est en permanence saturé. Or ce site doit en priorité prendre en charge les animaux placés à la fourrière, les chiens de personnes décédées, très malades ou placées en EHPAD.
Il y a donc beaucoup de prises de charge, mais peu d’adoptions.
On ne va pas faire une adoption quand on sait que ça va mal se passer par la suite. La deuxième chose c’est que, des fois, on a des gens qui veulent adopter chez nous, mais il y a tellement d’animaux dans les rues, il y a tellement d’animaux sur les réseaux sociaux qui sont à disposition, que les gens nous appellent pour annuler leur réservation.
Isabelle Thély, responsable SPA du Refuge du Papillon, aux Abymes
L’an dernier, près de 250 chiens et chats ont été adoptés en Guadeloupe, après avoir été soignés et vaccinés.
Malgré tout, le Refuge du Papillon a dû transférer 800 animaux vers les autres refuges du réseau de la SPA, dans l’Hexagone, en 2022.
La SPA appelle à signaler les cas de maltraitance
Laisser un chien attaché en permanence, sans activité, sans soins vétérinaires est considéré comme victime de maltraitance passive. S’il est en plus battu, il est question de maltraitance active.
Dans de telles situations, la SPA appelle les témoins à faire un signalement, en déposant une main courant auprès des forces de l’ordre. Une patrouille sera alors dépêchée sur place, pour une éventuelle action.
Les animaux ainsi récupérés sont systématiquement envoyés dans l’Hexagone, pour qu’ils ne recroisent pas leurs maîtres maltraitants.
Pour faire face à ces situations, un policier ou un gendarme sera formé et désigné référent, sur les questions des maltraitances animales, dans les 4000 commissariats de police et brigades de gendarmerie de France, selon l’annonce faite par le ministre de l’intérieur fin janvier. Ces policiers et gendarmes seront "particulièrement formés à prendre des plaintes pour bien comprendre le droit qui s'applique" et de "bien réceptionner les personnes qui viendraient dénoncer ces actes", a déclaré Gérald Darmanin.
En France, 12000 infractions visant des animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité, ont été enregistrées, en 2021, par la police et la gendarmerie ; un nombre en hausse de 30%, depuis 2016.
La SPA a une cellule de signalement de la maltraitance. Il suffit de se connecter sur le site national de la SPA. Ce service permet de rester anonyme.