L’affaire de viols dans laquelle est mis en cause d’Yves Jean-Bart, ancien président de la fédération haïtienne de football (FHF), est à rebondissements. Un nouvel épisode de ce glauque feuilleton s’est joué en début de semaine. La FIFA n’entend pas le laisser s’en tirer à si bon compte, alors que le Tribunal arbitral du sport (TAS) a annulé sa suspension à vie.
Pour rappel, en novembre 2020, après plusieurs plaintes pour viol, de la part de joueuses, la Chambre de jugement de l'instance du football mondial, avait reconnu le dirigeant – alors âgé de 73 ans et à la tête de la fédération depuis deux décennies – coupable d'avoir "abusé de sa position" pour "harceler sexuellement et agresser plusieurs joueuses, y compris mineures". La justice interne de la FIFA l'avait donc suspendu à vie "de toutes activités liées au football, au niveau national et international". Elle l'avait aussi condamné à payer un million de francs suisses (une somme équivalente en euros).
Une décision prise alors que le juge d’instruction près du tribunal de la Croix-des-Bouquets, en Haïti, a rendu une ordonnance de non-lieu dans cette affaire, après plusieurs mois d’enquête.
Seulement voilà : le 14 février dernier, le TAS a décidé d'annuler la suspension à vie, considérant que les éléments de preuve portés à la charge d’Yves Jean-Bart, concernant les accusations d'abus sexuels, "sont incohérents, imprécis et contradictoires".
Et donc, lundi dernier (20 mars 2023), la FIFA a indiqué faire appel de l’annulation de cette suspension à vie.
La Fifa a décidé d'interjeter appel contre la décision du TAS, auprès du Tribunal fédéral suisse, en demandant l'annulation de la décision du TAS et un nouvel examen du dossier"
Communiqué de la FIFA du 20 mars 2023.
"Après avoir examiné en détail la décision du TAS", la FIFA estime "que des manquements procéduraux très graves ainsi qu'au droit matériel ont été commis, notamment le fait que certains éléments de preuve clés, mis à disposition par la FIFA, n'aient pas été pris en compte par la Formation arbitrale du TAS".
"La FIFA entend fermement continuer à protéger les victimes d'abus sexuels et de comportements incorrects dans le football, ainsi qu'à appliquer une tolérance zéro vis-à-vis de tout acte de ce type perpétré par des personnes soumises à sa juridiction", ajoute-t-elle dans le communiqué.
Yves Jean-Bart avait, à l'époque, dénoncé une "parodie de justice et une mesure purement politique", affirmant que la FIFA n'avait pas examiné de preuve réelle.
L'affaire est partie d'une enquête du quotidien britannique "The Guardian", publiée au printemps 2020. Selon des jeunes filles citées par cette publication, le président de la FHF aurait violé de nombreuses joueuses mineures. Témoignant de pressions subies pour garder le silence, des victimes présumées ont affirmé au journal, sous couvert d'anonymat, qu'au moins deux joueuses mineures auraient avorté à la suite des viols commis par le dirigeant, dans le centre national d'entraînement.