Agression sexuelle : un médecin condamné à 4 ans de prison, dont 18 mois fermes

Mehdi-Lionel Socrier, au tribunal de Pointe-à-Pitre - 08/12/2022
Mehdi-Lionel Socrier a été reconnu coupable et condamné à 4 ans de prison, dont 18 mois fermes, hier soir. Le tribunal correctionnel l’a reconnu coupable d’ "agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction". Deux gardés-à-vue, devenus victimes lors d’examens médicaux, étaient partie civile. La Défense a décidé de faire appel.

La décision du tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre est tombé hier soir (jeudi 8 décembre 2022), dans l’affaire pour "agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction" : Mehdi-Lionel Socrier, jugé coupable, a été condamné à 4 ans de prison, dont 18 mois fermes, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et interdiction définitive d’exercer la médecine. Le mandat de dépôt n’a pas été demandé ; l’ancien médecin des Abymes, âgé de 43 ans, reste donc libre, pour l’instant.

Les actes reprochés au praticien ont été commis le 7 février et le 18 juin 2020, sur deux gardés-à-vue, lors d’examens médicaux. Tous deux se sont constitués partie civile. Absents au tribunal, ils étaient représentés par leurs avocats respectifs.

Déroulé du procès

Durant l’audience, certains détails évoqués avaient de quoi choquer. Tout y est passé : de la taille du sexe du prévenu, à ses comportements et préférences sexuels, en passant par la lecture d’examens divers, pour savoir s’il est circoncis ou pas. Les débats d’hier pouvaient par moments être gênants, voire franchement malaisants, pour l’auditoire.

Il a été question d’un médecin qui insiste lourdement pour que ses patients, des gardés-à-vue, se masturbent dans son cabinet, qui leur propose de visionner des vidéos pornographiques, qui les embrasse de force et qui se masturbe à son tour devant eux.

D’emblée, à la barre, Mehdi-Lionel Socrier a tout contesté. Vêtu d’une chemise et d’un pantalon clairs, chaussures en cuir marron, le médecin parle vite, beaucoup, sans hésitation, il a réponse à tout. Il n’a jamais exercé de pression ou de menace sur quiconque, a-t-il affirmé.
Il a simplement reconnu avoir laissé les gardés-à-vue se soulager de leurs tensions sexuelles, dans son cabinet, avant une éventuelle incarcération ; ce, à leur demande. Rien de plus.
Il a aussi reconnu s’être masturbé, mais plus tard, seul dans son cabinet ; ce qui explique la présence de traces de sperme, selon lui.
Quant aux deux gardés-à-vue, ils ont donc menti, par appât du gain ou pour obtenir des réductions de peine.

"Faux !", a rétorqué le procureur. Ces jeunes hommes n’avaient rien à y gagner et n’ont d’ailleurs rien obtenu. Et, s’ils ne se sont pas défendus, c’est par peur d’aggraver leur situation. Pour le magistrat, il y a bien violation élémentaire du code de déontologie de la médecine.

La Défense a alors rappelé qu’il n’y a pas eu de contact sexuel. Personne n’a touché personne. Les avocats du médecin estiment que le fait de ne pas respecter le code de déontologie de la médecine ne fait pas de ce praticien un agresseur sexuel.

Reste un élément troublant : une trace d’ADN de l’un des gardés-à-vue trouvée sur l’un des tétons du médecin. Elle provenait certainement de l’examen médical pratiqué quelques heures auparavant, explique la Défense. Des éléments qui n’ont pas convaincu le tribunal.

La défense fera appel

Mehdi-Lionel Socrier n’exerce plus son métier depuis 2 ans et demi, soit depuis son placement sous contrôle judiciaire.

Ses avocats  estiment que la peine prononcée est sévère. Après un temps de réflexion, afin de laisser à leur client le temps de se remettre des évènements de ce 8 décembre, ils ont décidé de faire appel de la décision.

Hier soir, c'est une option qu'ils envisageaient déjà, comme le confirmait Maître Raphaël Lapin, l’un des avocats de Mehdi-Lionel Socrier :

A noter que les deux avocates de la partie civile n’étaient pas présentes, hier soir, au moment de la lecture de la décision de justice.