Aide à l’enfance : le rôle crucial des Maisons d’enfance à caractère social

Le foyer "Challenge", une Maison d’enfance à caractère social (MACS), à Lamentin.
Pour diverses raisons, certains mineurs ne peuvent pas être maintenus au sein de leur famille. Ils peuvent alors être placés en Maison d’enfance à caractère social. Il en existe une dizaine, en Guadeloupe, dont celle que nous avons visitée, à Le Boyer, à Lamentin. Rencontre avec l’équipe et des pensionnaires, qui ont accepté de témoigner.

En cette 34ème Journée internationale des droits de l’enfant, ce lundi 20 novembre 2023, nous sommes allés en immersion au cœur d’une Maison d’enfance à caractère social (MACS). Ce type d’institution fait partie intégrante des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance. Il s’agit de foyers qui, en effet, jouent un rôle essentiel pour restaurer la confiance et permettre aux mineurs de s'insérer socialement.

Le foyer "Challenge" que nous avons visité se trouve à la section le Boyer, à Lamentin. Il est géré par l’association "Karukéra Enfance".

Zoom sur le foyer "Challenge"

Vu de l’extérieur, le foyer "Challenge" paraît être une maison classique. La bâtisse, sur trois niveaux, est érigée sur une petite propriété, à la section Le Boyer.

Le foyer "Challenge", une Maison d’enfance à caractère social (MACS), à Lamentin.

Sa particularité est qu’on y trouve de grandes chambres, transformées en dortoirs. Les espaces communs sont identiques à ceux d’une habitation familiale.

Le foyer "Challenge", une Maison d’enfance à caractère social (MACS), à Lamentin.

Sur place, il y a des règles à respecter.
Chaque jeune pensionnaire doit entretenir son espace de vie ; les lits doivent être faits, les serviettes doivent être étendues pour sécher, les biens personnels doivent être rangés, rien ne doit traîner, notamment dans les sanitaires.
Un agent d’entretien est en charge du nettoyage en profondeur.

La vie est rythmée suivant un calendrier d’activités et de tâches.

Des personnels sont en charge de l’encadrement des jeunes accueillis. L’arme principale de ces adultes de référence est le dialogue.

Mon rôle, en tant qu’éducateur, c’est leur donner des repères, des bases.

Michel-Ange Kancel, éducateur

Michel-Ange Kancel, éducateur ©Lydia Quérin et Ludovic Gaydu – Guadeloupe La 1ère

Une cuisinière régale ce petit monde. Elle veille à varier les menus et à inclure des produits sains.

Le foyer "Challenge", une Maison d’enfance à caractère social (MACS), à Lamentin.

Une psychologue est là aussi, pour veiller au bien-être de tous.

L’équipe est coordonnée par un chef de service. Il orchestre des réunions quotidiennes.

L’idée est de travailler sur une bonne coordination, pour améliorer l’accompagnement des mineurs qu’on reçoit.

Cédric Plaideur, chef de service du foyer "Challenge"

Cédric Plaideur, chef de service du foyer "Challenge" ©Lydia Quérin et Ludovic Gaydu – Guadeloupe La 1ère

Donnons la parole à deux mineurs, arrivés il y a trois mois au sein de la maison "Challenge" :

Témoignages de pensionnaires du foyers "Challenge" ©Lydia Quérin et Ludovic Gaydu – Guadeloupe La 1ère

Un foyer, un cadre

Le foyer "Challenge" est prévu pour accueillir 14 mineurs ; uniquement des garçons.

12 jeunes gens, âgés de 14 à 17 ans, y séjournent actuellement. Ils ont été placés, suite à une décision de justice ou administrative, sous le régime de la protection sociale à l’enfance, parce que leur maintien au sein de leurs familles respectives n’a pas été jugé possible.

Ces adolescents sont donc en rupture familiale ; une situation qui va souvent de pair avec un décrochage scolaire et, parfois aussi, avec certaines déviances.

La mission de l’association qui les encadre est plurielle.
Les acteurs pluridisciplinaires de cette structure (une équipe de 5 personnes en rotation quotidienne) doivent suppléer l’environnement familial. Ils proposent un hébergement momentané (l’enfant n’a pas vocation à rester sur place), un accompagnement favorisant un épanouissement et une évolution personnels de chaque pensionnaire ; il s’agit aussi d’assurer une protection psychologique, physique et morale des enfants qui leur sont confiés.

L’objectif final est de faire en sorte que les liens entre les parents et les enfants soient restaurés au plus tôt. On aurait voulu que le placement dure le moins possible. Mais, quand on regarde la durée moyenne de placement, on est souvent à 18 mois. Donc, c’est quand même un peu long. Et, parfois, le retour en famille n’est pas toujours possible ; là, il faut inventer des solutions, pour protéger les enfants.

Christian Curier, directeur de l'association "Karukéra Enfance".

Christian Curier, directeur de l'association "Karukéra Enfance". ©Lydia Quérin et Ludovic Gaydu – Guadeloupe La 1ère

L’activité de l’association "Karukéra Enfance" est éclatée sur plusieurs sites, à Lamentin, mais aussi à Petit-Bourg et Morne-à-l’Eau. Elle a aussi en charge des activités de placement à domicile de mineurs et fait face à des demandes exponentielles, en Guadeloupe ; la précarité grandissante des familles est en cause. Ses locaux administratifs sont à Baie-Mahault.

Le foyer "Challenge", une Maison d’enfance à caractère social (MACS), à Lamentin.

Il existe une dizaine de Maisons d’enfance à caractère social en Guadeloupe.