Airbags défectueux : des équipements qui continuent à tuer en Guadeloupe, malgré le danger identifié

Airbag déployé (illustration).
On déplore un nouveau décès imputable à un airbag défectueux en Guadeloupe : la victime est une automobiliste décédée il y a 8 jours à Grand Bois, au Gosier. Le cas a été confirmé par le Parquet de Pointe-à-Pitre, vendredi. L’enquête suit son cours. On déplorait déjà une demi-douzaine de cas similaires dans l’archipel. Et force est de constater que des engins mortels sont toujours en circulation localement.

Le Parquet de Pointe-à-Pitre a confirmé, hier (vendredi 13 décembre 2024), qu’un airbag défectueux est mis en cause dans l’accident mortel qui a eu lieu le dimanche 8 décembre 2024, vers 2h00 du matin, sur la route de Grand Bois au Gosier. La victime de l’accident en question est une femme de 42 ans ; elle était au volant de sa voiture, une Volkswagen Polo, quand cet équipement s’est déclenché, dans des circonstances qui restent à éclaircir.

7 tués par des airbags en Guadeloupe

Aucun autre véhicule n’était impliqué dans l’accident.
L’enquête sur les faits est en cours.

L’autopsie qui a été réalisée a confirmé que c’est explosion de l’airbag qui est la cause de son décès. Une enquête est en cours pour ce décès-là ; elle va continuer notamment avec l’expertise du véhicule. Et nous envisageons de saisir à nouveau le juge d’instruction déjà saisi de six autres décès dans ce cadre-là. Ça fera sept homicides involontaires et sept blessures involontaires liés à des explosions d’airbags.

Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre

Dans les cas similaires antérieurement identifiés depuis juin 2023, il semble que les airbags aient en effet explosé et, dans le même temps, aient projeté violemment des débris métalliques ; ce sont eux qui peuvent provoquer des blessures graves, voire tuer les occupants du véhicule.

L’importance d’obtenir justice

Au total, les Parquets de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre parlaient, en mai 2024, de 13 affaires, uniquement en Guadeloupe. Sept des dossiers correspondants font déjà l’objet d’une instruction judiciaire, dont deux relatifs à des blessures graves ; les deux victimes en question souffrent aujourd’hui de lourdes séquelles.

Que les actions en justice soient intentées et qu’elles aboutissent est important pour les familles, tant des blessés que des tués.

Il est essentiel que les victimes soient toutes traitées de la même manière, au même rythme. Elles sont en droit d’obtenir des réponses à leurs questions. En attendant cette instruction unique pour laquelle on se bat, n’empêche pas que nous avancions sur les instructions locales, pour que les affaires avancent, que les actes soient menés, que les investigations soient réalisées. L’idéal et la finalité, c'est que toutes ces affaires soient rassemblées, pour qu’on ait une vision unique et une vision véritable de ce qui s’est passé et a abouti à ces drames.

Charles-Henri Coppet, avocat spécialisé en dommages corporels

Des engins de mort toujours en circulation

L’avocat qui constate que "le danger reste réel", prône la mise en place de toutes les mesures permettant d’éviter tout nouveau drame.

C’est pour ça qu’il faut que la justice ait les moyens d’enquêter, en concentrant toutes ces affaires, pour comprendre ce qui ne va pas, pour comprendre à quel moment le système dysfonctionne, à quel moment on arrête de protéger le citoyen, les automobilistes. Comment on peut permettre à un tel danger roulant de continuer à circuler, de continuer à tuer des gens, principalement des Guadeloupéens ? Toute la chaîne de ceux qui ont équipé leurs véhicules de ce dispositif à base de nitrate d’ammonium doit être interrogée. Il faut comprendre à quel moment les intérêts économiques ont été privilégiés à la vie des gens, à la préservation de l’individu.

Charles-Henri Coppet, avocat spécialisé en dommages corporels

Depuis la révélation de ces affaires, plusieurs campagnes de rappel de véhicules équipés des airbags de la marque japonaise Takata, incriminée, ont été faites par les concessionnaires et constructeurs. Leurs clients ont été appelés à ramener leurs voitures afin que ces coussins soient remplacés gratuitement. Mais le problème subsiste, notamment pour les acheteurs de véhicules en seconde main ; ceux-là sont difficilement identifiés pour être rappelés.