La production du caoutchouc a fait autrefois la fortune de l'Amazonie brésilienne, En particulier de Manaus et de Belém. Mais au cours du XXe siècle elle a été supplantée par les cultures de masse de l'hévéa (arbres dont on tire le latex, le suc végétal servant à fabriquer le caoutchouc naturel), en Asie notamment.
1500 récolteurs rémunérés
Toutefois, récemment, sur la petite île de Marajo, Seringô a ressuscité la tradition. Cette entreprise locale rémunère 1500 seringueiros, des récolteurs de caoutchouc comme Renato Cordeiro. Il avait appris à saigner les hévéas (recueillir le latex grâce à une entaille dans l’écorce) avec sa mère, à l'âge de 7 ans. Après avoir dû abandonner cette activité durant une vingtaine d’années, il s’y est remis en 2017, content de renouer avec un travail qu’il valorise et auquel il se montre très attaché.
C'est un travail qui ne nuit pas à la forêt et qui ne prend pas son bois. Pour nous, il représente notre véritable origine, transmise de générations en générations.
Renato Cordeiro, récolteur
Des récolteurs qui veillent sur leur ressource
La production de latex fournit donc des revenus et évite ainsi les déboisements par les locaux et surtout par les étrangers. Car les récolteurs ou seringueiros veillent et protègent la forêt, en particulier les hévéas, via une activité écologique et durable, comme l’explique Valcir Rodrigues, un autre récolteur de caoutchouc.
Nous avons une profonde affection pour ces arbres, et si nous en prenons bien soin. Quand nous mourrons, nos enfants les exploiteront et les laisseront ensuite à leurs enfants. Tant que nous en prenons soin, ils continueront à fournir du latex de la même manière.
Valcir Rodrigues, récolteur
Chaque seringueiro recueille environ 18 litres de latex par jour. A en croire Francisco Samonek, co-PDG de la société Seringô, fabriquant d'objets en latex, leur statut a évolué.
Le récolteur de caoutchouc est devenu un entrepreneur. Aujourd'hui, il produit du caoutchouc pur, du caoutchouc propre, du caoutchouc sans odeur, qu'il a appris à fabriquer de manière plus pratique, voire plus facile que les caoutchoucs précédents.
Francisco Samonek, co-PDG de la société Seringô
Objectif 10 000 seringueiros
Seringô produit entre autres, chaque jour, 200 paires de chaussures de sport et de sandales à base de caoutchouc naturel et de poudre d'açai. Une production que Francisco Samonek juge exemplaire.
Aujourd'hui, nous avons une chaussure dont je peux dire qu'elle est 100 % durable. Parce qu'elle ne contient pas de produits chimiques qui contaminent.
Francisco Samonek
L’entreprise est soutenue par l'Etat du Para, grâce à un programme de développement durable lancé en vue de la COP 30, la prochaine conférence sur le climat prévue à Belém, la capitale régionale, en novembre prochain. Objectif à terme, avoir 10 000 fournisseurs seringueiros. Certains d'entre eux ont d'ailleurs déjà étendu leurs activités, ainsi que celles de leurs proches, à travers l'artisanat, et vendent leurs créations à base de caoutchouc. C’est le cas de la femme et de la belle-mère de Valcir. Elles confectionnent de nombreux objets, comme des bijoux, qui sont vendus notamment à Belém.