L'organisation "Anticor" qui surveille l'activité administrative et financière des collectivités territoriales et du gouvernement dans l'Hexagone, a réouvert une antenne en Guadeloupe. À peine née, elle a déjà fourré le nez dans le fonctionnement de l'association des maires de l'archipel.
Anticor est une organisation qui avance sous l'étendard de l'indépendance. Elle ne reçoit aucune subvention publique et vit grâce aux cotisations de ses adhérents. Elle s'attache principalement à la surveillance des activités des établissements publics ainsi que leurs liens et interactions avec les entreprises privées, afin de repérer et dénoncer d'éventuelles irrégularités etlles que les détournements de fonds, les trafics d'influence ou atteintes à la probité.
C'est un levier de contre-pouvoir qui veut rassurer les citoyens sur la capacité des institutions à les représenter correctement. Présente sur le territoire national depuis 2002, son action couvre tant les agissements du pouvoir central que sa décentralisation en région.
Réactivation de l'antenne de Guadeloupe
Présente en Guadeloupe dès 2017, l'antenne était en sommeil depuis. Or, plusieurs lanceurs d'alerte sensibilisés par la communication de l'organisation sur les réseaux sociaux, ont demandé au siège de Paris la réactivation d'une cellule dans la région Guadeloupe. Aussi, c'est Vincent Mercier qui a été désigné pour piloter le retour à la vie d'Anticor 971.
Nous allons essayer de créer des connexions avec les associations locales, avec les maires qui sont les têtes de gondole de l'action publique mais aussi avec des corps de métiers spécifiques tels que les avocats, les juges, voire même les entreprises.
En dehors de ce travail d'installation, ce sont les Guadeloupéens même qui décideront, par leur engagement, du dynamisme de l'action de l'antenne locale.
L'AMG dans le collimateur
À peine installée, Anticor971 a reçu un signalement quant à l'opacité du fonctionnement de l'association des maires de Guadeloupe (AMG). Son compte de résultat leur a été transmis, puis les membres de l'association l'ont soumis à un comptable rompu à l'exercice de lecture de ce type de document. Or, ses premiers retours laissent présager plusieurs dysfonctionnements qui devront être examinés de plus près par le procureur de la République.
Nous avons été surpris de constater que l'association ne publiait aucun rapport d'activité. Nous ne présageons pas forcément qu'il y ait de la corruption, mais pour l'heure, elle ne remplit pas les conditions de transparence qui devraient pourtant être une priorité pour elle.
Ce manque de transparence est d'autant plus embêtant que l'AMG tire ses recettes des cotisations des mairies mais surtout de subventions allouées par les collectivités majeures. Sollicitée à plusieurs reprises par Anticor971, l'AMG n'a pas fourni de réponses jugées satisfaisantes par l'organisation.
Et puis l'eau
Le dossier de l'eau a évidemment retenu l'attention d'Anticor971. Mais, de l'aveu même du délégué régional, ce dossier complexe et opaque, demandera à l'association des ressources humaines importantes qu'elle ne possède pas encore. D'autant que si la justice a statué sur les dysfonctionnements les plus évidents, il reste encore de nombreuses zones d'ombres.
Ce dossier est symptomatique de ce que l'on peut voir quand on a affaire à de la suspicion de corruption. C'est un véritable trou noir et personne ne s'y retrouve. L'ennui, c'est que nous pensons que de nombreux faits tombent sous le coup de la prescription.
L'antenne de Guadeloupe espère être aussi efficace que le national qui a porté près de 90 dossiers au niveau national tant en signalement au procureur qu'en se constituant partie civile lors d'affaires juridiciaires.