Assassinat du président de Haïti : un ex-sénateur haïtien arrêté en Jamaïque

Le président haïtien, Jovenel Moïse, a été tué en juillet 2021.
Nouvelle avancée, dans l'enquête sur l'assassinat du président de Haïti, Jovenel Moïse, en juillet dernier : un ancien sénateur du pays a été arrêté. Mais, malgré les dizaines d'arrestations, de nombreuses zones d'ombre subsistent. On ne sait toujours pas, par exemple, qui a commandité ce crime.

L'ancien sénateur haïtien, John Joel Joseph, recherché par les autorités de Haïti, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du président Jovenel Moïse, a été arrêté en Jamaïque, a-t-on appris, samedi 15 janvier, de source policière jamaïcaine.
L'homme a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi et se trouve actuellement en détention, a précisé cette source, sans se prononcer sur la suite de la procédure.
Elle s'est bornée à expliquer que les forces de l'ordre jamaïcaines agissaient en coordination avec leurs "partenaires internationaux" et que des "enquêtes conjointes" étaient en cours.
La source n'a pas non plus voulu dire où exactement, sur l'île de la Caraïbe, avait été arrêté l'ex-élu haïtien, ni s'il avait été interpellé en compagnie d'autres personnes.

Le président haïtien a été tué le 7 juillet 2021 mais, malgré l'arrestation de plusieurs suspects, de nombreuses zones d'ombre persistent, autour de son meurtre.

Dès juillet, les autorités haïtiennes avaient lancé un avis de recherche, contre John Joel Joseph, décrit comme un individu "dangereux et armé".

Déjà un suspect entre les mains de la justice américaine

Au début du mois, Mario Palacios, un ancien militaire colombien, accusé d'avoir fait partie du groupe d'une vingtaine d'hommes ayant tué Jovenel Moïse et grièvement blessé son épouse, dans leur résidence présidentielle à Port-au-Prince, a été inculpé, aux Etats-Unis. Il avait aussi initialement été arrêté en Jamaïque, avant d'accepter une "extradition volontaire" auprès la justice américaine ; il encourt la réclusion à perpétuité.
Sous le coup d'une notice rouge d'Interpol, pour "meurtre et complicité de meurtre", Mario Palacios avait été recruté, en juin 2021, pour arrêter et enlever le président haïtien, selon la police fédérale américaine.
Le plan aurait ensuite changé et le groupe, sous la direction d'un homme identifié comme "co-conspirateur numéro 1", aurait été chargé de tuer Jovenel Moïse.

Plus de 40 personnes, dont une quinzaine de Colombiens et des Américains d'origine haïtienne, ont déjà été arrêtées, dans le cadre de l'enquête.

Mais de nombreuses questions subsistent, quant aux motivations autour de cet assassinat, qui a encore davantage plongé dans l'incertitude le pays d'Hispaniola, gangrené par la pauvreté, l'insécurité et la corruption.

L'enquête haïtienne n'a pas permis de déterminer l'identité des commanditaires.


Le Congrès américain ordonne l'ouverture d'une enquête

Le Congrès américain a ordonné l'ouverture d'une enquête, sur l'assassinat du président haïtien, autour duquel persistent de nombreuses zones d'ombre.
La loi, adoptée par le Sénat, jeudi dans la nuit, donne trois mois au département d'Etat pour produire un rapport censé fournir une "description détaillée" des circonstances autour des faits.
Ce rapport doit aussi examiner s'il y a eu une quelconque ingérence, dans l'enquête officielle sur le meurtre de Jovenel Moïse, et si l'un de ses auteurs a pu être employé par le gouvernement américain, par le passé.

"Nous sommes très préoccupés par le fait qu'un gouvernement haïtien, à la fois instable et corrompu, autorise ou permette de nouvelles violations des droits humains", a souligné vendredi le sénateur Ben Cardin, l'un des auteurs de la loi dans un communiqué.

La loi appelle également à une enquête concernant un massacre dans le bidonville de La Saline, à Port-au-Prince, en 2018, lors duquel des dizaines de personnes sont mortes.