L’esplanade extérieure du grand centre commercial de Baie-Mahault accueillait, la semaine dernière, du jeudi 16 au samedi 18 novembre 2023, la 3ème édition du Salon du véhicule hybride & électrique de Guadeloupe.
Combattre les appréhensions
Le public, qui a eu accès au site gratuitement, a pu découvrir les dernières innovations et tester des modèles. Ainsi, ils sont nombreux à s’être mis au volant de l’un ou plusieurs des 40 véhicules exposés, issus des 13 marques mobilisées sur le Salon.
La promesse des organisateurs est la suivante : ces voitures "vont transformer votre quotidien ! ". Ce salon était présenté comme un "évènement phare de l’écomobilité".
Les arguments incitant à délaisser les modèles thermiques au profit des véhicules électriques sont nombreux. Ces derniers sont plus silencieux et, surtout, plus économiques. Ceux qui ont franchi le cap sont exempts des passages à la station-service ; ils alimentent leur automobile sur des bornes publiques de recharge ou, pour ceux qui se sont dotés de tels équipements, de leur borne à domicile. Ce procédé est nettement moins onéreux que le carburant.
Le confort de conduite et les performances sont aussi mis en avant, par les concessionnaires.
Au début, les véhicules électriques permettaient de parcourir 120 à 180 kilomètres. Aujourd’hui, nous parlons de plus de 500 kilomètres, en fonction des modèles. Donc, ça veut dire qu’il y a un vrai progrès. Certains constructeurs annoncent 1000 kilomètres prochainement.
Frédéric Martial, directeur général de CAMA, organisateur du salon
Pourtant, les clients des concessionnaires restent nombreux à hésiter.
Parmi leurs freins, il est question du prix de l’électrique et de l’hybride, plus élevé que celui des autres véhicules.
Le véhicule électrique n’est pas le plus abordable, à part peut-être les modèles d’entrée de gamme.
Frédéric Martial, directeur général de CAMA, organisateur du salon
Le mode de rechargement est aussi à mettre au rang des motifs bloquant les ventes.
Il y a une vraie appréhension qui explique cette réticence, mais aussi (il ne faut pas se leurrer) il y a les pouvoirs publics qui nous accompagnent et qui doivent nous accompagner encore plus vite à la transition, car la question qui revient souvent, vis-à-vis des clients, est "comment je vais recharger mon véhicule ? ". Donc les infrastructures vont compter pour beaucoup sur cette évolution.
Frédéric Martial, directeur général de CAMA, organisateur du salon
La Région accompagne la fin des véhicules thermiques
Actuellement, on compte près de 2600 voitures électriques et 8700 hybrides en circulation dans l’archipel. C’est peu, au regard du parc roulant local, qui compte plus de 80.000 véhicules.
Entre 2022 et 2023, leur vente n’a progressé que de 3%, toutes concessions confondues.
La Région Guadeloupe table, d’ici l’horizon 2030/2033, sur 20.000 à 40.000 véhicules électriques en circulation.
Le territoire ne peut manquer ce virage, dans la mesure où, d’ici 2035, la vente de voitures thermiques sera officiellement interdite en Europe.
Mais, qui dit montée en puissance de l’électrique, dit aussi besoin grandissant d’équipements dédiés. Et les besoins, en matière de charge de véhicules, ne doivent pas impacter la stabilité du réseau électrique guadeloupéen.
Quoi qu’il en soit, l’installation de bornes est l’une des clés du défi à venir de passer massivement aux véhicules dits "propres".
On estime, d’ici 2030, qu’il faudrait à peu près 1000 bornes de recharge pour assurer ce service de mobilité.
Ludovic Osmar, chef de service énergie à la Région Guadeloupe
Mais l’argument selon lequel l’électrique est bénéfique à l’environnement tient-il en Guadeloupe, où l’électricité est majoritairement produite à partir d’énergies fossiles ?
Il faut savoir qu’aujourd’hui, en Guadeloupe, on compte un peu plus de 35% d’énergies renouvelables, dans le mix électrique (...). Dès 2028 et d’ici 2033, nous aurons en Guadeloupe, en se basant sur l’énergie solaire, l’énergie éolienne, la géothermie, la biomasse, ainsi que tous types d’énergies renouvelables, une énergie propre nous permettant de rouler propre en véhicule électrique (...).
Ludovic Osmar, chef de service énergie à la Région Guadeloupe
Par ailleurs, autre bémol, les batteries ont une durée de vie limitée (8 à 10 ans) et deviennent vite des déchets à gérer. La collectivité régionale doit donc prévoir des centres de recyclage et de traitement de ces équipements, localement, ou dans un bassin proche ; c’est une piste de développement d'activité économique, avance Ludovic Osmar.