Les agents grévistes de Baie-Mahault sont face au maire Hélène Polifonte, à l’espace régional du Raizet, aux Abymes, ce jeudi 1er juin 2023, depuis 9h40 du matin. Après 44 jours de mobilisation, cette réunion de négociation est presque la première, entre les parties, dans la mesure où celle du 23 mai dernier avait tourné court ; en cause, une perquisition menée par le Parquet national financier au sein de la mairie, dans une toute autre affaire.
Cette fois, les discussions ont bel et bien débuté et les points de revendication des personnels mobilisés sont âprement débattus, chacun campant sur ses positions.
Une grève de 44 jours déjà
Pour rappel, l’équipe municipale, désireuse de réduire ses coûts de fonctionnement, a décidé de stopper le paiement des heures supplémentaires ; des compensations peuvent être envisagées, sous la forme par exemple de jours de récupération. L’information a été communiquée à l'ensemble des agents de la ville, par le biais d’une note de service datée du 31 mars.
Cette décision a immédiatement été contestée, par les salariés concernés... en vain. La pilule ayant du mal à passer, dès le 19 avril, ils ont entamé une grève, sous l’égide de l’Union des travailleurs des collectivités (UTC-UGTG). Entre-temps, les policiers municipaux ont été rejoints par leurs collègues, notamment du service de restauration scolaire, du CCAS, ou encore de l'urbanisme.
On ne peut pas dire aux policiers municipaux de sortir de chez eux pour venir travailler des jours fériés, le samedi, le dimanche, ou encore jusqu’à 2h00 du matin, pour une récupération !
Henri Jury, de la section UTC-UGTG - ville de Baie-Mahault
Les agents de la police municipale tiennent à préciser que les heures supplémentaires font partie intégrante de leur planning et sont mentionnées sur leurs fiches de poste ; cela, pour des missions de patrouille par exemple. Le cas échéant, ces professionnels répondent présents en cas d'incident, aux côtés des autres services de secours et de l'ordre. Cette mission auprès des administrés, y compris de nuit et le week-end, est pleinement justifiée, estiment les grévistes.
Ces heures travaillées font l'objet de rapports détaillés remontés au service des ressources humaines. Ceux qui ne peuvent les réaliser doivent produire des justificatifs.
Par ailleurs, les récupérations promises par la mairie, en compensation, sont si nombreuses au final, que les policiers concernés peinent à en bénéficier, pour raison de service, expliquent les agents mobilisés.
Un objectif municipal de baisse des coûts
On ne peut que constater que les parties ont tardé à se faire face.
Un mois après le début de ce mouvement de grève, la municipalité s’est contentée d’une note explicative à l’attention du personnel, pour justifier la fin du paiement des heures supplémentaires.
Il convient de noter que l’octroi d’un repos compensateur est le principe, le paiement des heures supplémentaires relève de l’exception. Je rappelle enfin, que les heures supplémentaires ne sont pas un complément de rémunération, mais doivent répondre à un besoin réel de la collectivité, validé par l’autorité territoriale.
Note à l’attention du personnel – 17 mai 2023
Le maire évoque dans le document l’augmentation du coût de la masse salariale et des dépenses de fonctionnement, ainsi que sa volonté de continuer à faire évoluer positivement les carrières. Les millions d’euros sont ainsi dépensés.
La masse salariale de la collectivité de Baie-Mahault représente, au budget 2023, 72,5% de ses dépenses de fonctionnement.
Note à l’attention du personnel – 17 mai 2023
En quatre ans, le budget consacré au paiement des heures supplémentaires, pour favoriser notamment la présence des services de la police municipale les nuits et jours fériés sur le territoire, ainsi que pour l’encadrement de manifestations, est passé de 288.000€ à 797.000€.
La municipalité prône donc une réorganisation des services, conformément à la réglementation.
Et "s’agissant des jours de grève, il faut noter que la réglementation en vigueur sera strictement appliquée", est-il enfin précisé.