Covid oblige, le Salon de l'agriculture 2021 n'a pu se tenir. Outre-mer La 1ère est donc allée à la rencontre des professionnels de ce secteur pluriel, dans les territoires ultramarins, via la collection #NousPaysans. En Guadeloupe, faisons plus ample connaissance avec le passionné Marcel Tirolien.
C'est sur son exploitation "Le Pré Vert", située non loin de la mangrove, à la section Birmingham de Baie-Mahault, que nous avons rencontré Marcel Tirolien, agriculteur. Il y vient quotidiennement depuis 33 ans car, dans son métier, les jours de repos sont quasi-inexistants.
Pour autant, l'homme reste passionné, considérant que via son activité professionnelle, il fait corps avec la nature.
L'agriculture, avant tout une passion
Marcel Tirolien est petit-fils d'agriculteurs et de commerçants ; ce sont eux qui lui ont transmis la passion de la terre, puisque ses parents, tous deux enseignants, avaient choisi une autre voie.
La passion de la terre m'est revenue en héritage.
Dès son cursus scolaire, il a opté pour l'agriculture. Diplômes en poche, obtenus dans l'Hexagone, il a tenté l'aventure outre-Atlantique... mais s'est vite rendu compte que le climat ne lui convenait pas. C'est ainsi qu'il a cédé à l'envie de rentrer au pays.
De retour en Guadeloupe, Marcel Tirolien a eu l'opportunité de créer son exploitation agricole, en 1988, après avoir été installé, par la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), dans le cadre de la réforme foncière.
Depuis, il se donne à 100%, parce que son métier est une passion, même après 33 ans d'activité.
Je suis toujours émerveillé devant, par exemple, des abeilles dans des fleurs, un animal qui naît... ça me fait toujours le même effet qu'au départ. C'est toujours la même vibration, de voir que la nature est là, elle existe et on fait partie de cette nature. Je considère que je fais partie de mon environnement. C'est moi qui appartiens à cet environnement que j'ai créé.
Un immense jardin créole
C'est une agriculture autour de l'agroforesterie qui est développée au "Pré Vert", qui s'étend sur 9 hectares et que son fondateur qualifie "d'immense jardin créole".
Arbres, plantes et animaux s'y côtoient et forment un tout
A partir de 1990, j'ai commencé à planter des arbres fruitiers. Donc, j'ai toujours privilégié les arbres, les plantes utiles, les plantes médicinales et, entre les arbres, j'ai toujours planté, en association, des plantes-légumes, des plantes-racines, etc.
L'agriculteur est fier d'avoir façonné cette parcelle et la chérit jour après jour.
Une vie de dur labeur... de hauts et de bas
Marcel Tirolien ne s'en cache pas : la vie d'un agriculteur est faite de joies et de coups durs.
L'exploitant estime que ce métier est source de grandes satisfactions, à condition de se donner les moyens de réussir.
Pour lui, on peut vivre bien avec très peu ; c'est ce que lui ont inculqué ses parents et grands-parents.
Il faut savoir donner la priorité aux choses. C'est à dire d'abord de privilégier la nature et son plaisir de travailler la terre, dans un environnement agréable et sain.
Parfois, il y en a qui donnent la priorité à l'argent, au plaisir, ou au travail.
Si on arrive à associer les trois, je pense qu'on peut vivre très très bien de son métier, quelque-soit son métier.
Pourtant, il a rencontré "beaucoup de difficultés", dont les intempéries, qui n'ont pas réussi à entamer son enthousiasme.
Sa pire expérience est survenue, un an après son installation : le passage du cyclone Hugo, en septembre 1989. Un traumatisme.
A l'époque, j'avais un petit élevage de lapins, cunicole. Hugo a tout dévasté. Et, ça fait beaucoup de mal de perdre son cheptel et, surtout, de retirer des sacs et des sacs d'animaux morts...
Autre difficultés, pour les travailleurs de la terre : ils ne s'accordent que très rarement des pauses.
Or, Marcel Tirolien est agriculteur et éleveur. Chaque jour, il doit nourrir ses bêtes. Il a donc été privé de vacances durant plusieurs années.
Heureusement, depuis 5 ans, la relève est assurée par ses futurs remplaçants : son neveu et sa famille, eux aussi dévoués à la tâche. Marcel peut ainsi se reposer, de temps à autre... alors qu'il n'est "pas loin de la retraite".
Par ailleurs, l'agriculteur a pris le parti, dans le contexte guadeloupéen, de ne pas attendre les subventions, ni les aides d'autrui, pour avancer par ses propres moyens, à petit pas mais sûrement. Les aides financières, lorsqu'elles lui sont attribuées, sont des bonus.
Un site de transmission
"Le Pré Vert" est un site dédié à la transmission aussi.
Des visites y sont régulièrement organisées. Des écoliers, notamment, viennent y découvrir un typique jardin créole. Des ateliers de semis, de plantation et de récolte y sont proposés.
On continue d'avoir cet esprit de transmettre, à la nouvelle génération l'essentiel de la vie, de savoir ce qu'on mange, comment pousse ce qu'on mange, reconnaître les différentes plantes, les différents légumes, les différents arbres... parce qu'il y a beaucoup d'enfants qui ne savent pas d'où vient ce qu'ils mangent.