Un barrage a été érigé à l’entrée de la dite "résidence SICAF" de Destrellan, à Baie-Mahault, dès 5h00 du matin, ce mercredi 22 mars 2023. Une trentaine de riverains y dénonce l’installation progressive d’entreprises diverses ; ce qui transforme leur zone résidentielle en "extension de Jarry". A cause de ce que les habitants nomment "la prolifération de bâtiments et de structures commerciales tous azimuts", le quartier est devenu une zone de passage de nombre d’usagers extérieurs, au détriment de la tranquillité d’antan des lieux. Les habitants mécontents, rassemblés au sein de l’association "Arsides" parle d’une "industrialisation de leur environnement" et refusent les embouteillages sur le pas de leurs maisons.
Cette entrave à la circulation, au niveau de l’ "allée des Colibris" précisément, empêchait l’accès notamment aux services techniques de la mairie, au siège de France Télécom, à la déchetterie, à une école privée, à la pépinière d'entreprises "Audacia", ou encore au nouveau chantier d’EDF.
Les revendications d'Arsides s’adressent d’abord à la municipalité de Baie-Mahault.
C’est la mairie qui délivre les permis de construire ou alors de transformation de maisons pour devenir des hangars. On est complètement "jarryisés" au niveau de cette résidence qui existe depuis très longtemps. Il y a des personnes âgées, des gens qui sont malades ; c’est une ancienne résidence et, subitement, on se rend compte que les gens achètent des villas, les écrasent et reconstruisent des hangars, tout à fait comme dans Jarry. Donc on est en train de défigurer, de polluer visuellement et "sonorement" cette résidence ! On en a marre !
Bernard Leclaire, président de l’ARSIDES
Les personnes mobilisées, prêtes à tout pour se faire entendre, attendent des précisions de la mairie, afin de savoir ce qui est prévu dans le secteur, en termes de développement, mais aussi comme aménagements visant à réduire les nuisances causées.
(...) Il était prévu avec l’architecte qui s’occupe de la technopôle, qu’on puisse nous donner une explication sur ce qui va être fait autour, pour décongestionner le lotissement qui est une voie de passage pour tout. Depuis plus de six mois, on n’a aucune réponse et on n’est pas considérés (...).
Bernard Leclaire, président de l’ARSIDES
La précédente réunion avec le maire Hélène Polifonte et l’architecte, remonte au 18 août 2022.
Et la mobilisation du jour a porté ses fruits, puisqu’un représentant de la vile est venu à la rencontre des riverains en colère et leur a fixé un rendez-vous à la semaine prochaine.
Pour autant, les parties se verront demain, au tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, à 8h00, puisque les adhérents à l'Arsides ont assigné la municipalité, pour qu’elle fasse cesser l’implantation d’établissements commerciaux dans la zone et la transformation de la voie en route fréquentée.
Leur argumentaire s’appuie sur la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (loi ALUR de mars 2014) et le code de l’urbanisme. Ils affirment notamment que les surfaces excédentaires du lotissement ne peuvent être utilisées à des fins de développement économique.
A l’origine, au début des années 1960, un lotisseur, la Société immobilière de construction des agents des finances (SICAF), avait acheté 17 hectares de terre à la Société industrielle et agricole de Pointe-à-Pitre (SIAPAP), pour en faire 57 lots destinés exclusivement à la construction de bâtiments à usage d’habitation. Depuis cette époque, complète l'Arsides, au regard du règlement d’origine, France Télécom, dont les locaux se trouvaient à l’arrière, bénéficiait d’un droit de passage. Ainsi, selon l’association, ce qui devait être une servitude est en train de devenir une sorte de "voie principale" qui relie la Jaille et Moudong Nord.
Le maire de la ville de Baie-Mahault, Hélène Polifonte, que nous avons sollicité, n'a pas répondu à notre demande d'interview, à cette heure.