Baillif : découverte de deux sépultures précolombiennes et de céramiques

Une des deux sépultures découvertes à Baillif - février/mars 2024.
En amont des travaux de construction d’une passerelle, entre le port de pêche de Baillif et la place de l’embouchure de la rivière, l’INRAP a découvert deux squelettes d’Amérindiens et des restes de poteries en céramiques. D’autres vestiges abrités sur ce site avaient déjà été mis au jour, il y a quelques années.

À l’occasion de fouilles menées avant un chantier de construction, une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a découvert un site archéologique, sur le territoire de la commune de Baillif.

Une concentration de vestiges

Les travaux sur le site concerné visent à la création d’une passerelle devant relier le port de pêche de la Madeleine, à la place de l’embouchure. En plus du ponton, les usagers y bénéficieront d’un parking et de carbets pour la vente de poissons, accessibles aux personnes en situation de handicap.

Mais, comme de rigueur avant tout projet de destruction des sols ou sur des bâtis anciens, cette opération a été précédée d’une exploration du site, prescrite par le service régional de l'archéologie de la Direction des affaires culturelles (DAC) de la Guadeloupe. C’est ainsi que, sur les berges de la Rivière de Baillif, deux squelettes d’Amérindiens, ainsi que du matériel céramique précolombien ont été découverts, fin février/début mars.

Le site était déjà connu des services archéologiques régionaux. Après le passage du cyclone Marilyne, en 1995, de premiers vestiges avaient déjà été mis au jour. Les couches de sédiments avaient alors été étudiées et des niveaux correspondants aux époques précolombienne et coloniale avaient été identifiés.
En 2022, un nouveau diagnostic avant travaux avait été mené. À ce moment-là, le chantier devait permettre le passage des réseaux, entre la route et l’enrochement de la rivière. Deux premières sépultures avaient alors été trouvées.
On en est donc à quatre Amérindiens découverts, sur place.

Au regard de cette concentration, on peut donc parler d’une "zone riche en vestiges", selon Fabrice Casagrande, archéologue et responsable des opérations à l’INRAP ; d’autant qu’il s’agit d’une petite surface.

À Baillif, l’équipe de l’INRAP a fait place nette.
Les vestiges ont été cartographiés, prélevés, les ossements sont en cours de lavage pour être étudiés dans les locaux de l’Institut. Le tout sera conservé au dépôt archéologique de la Guadeloupe, à Baillif même ! Ils pourront ultérieurement faire l’objet d’expositions temporaires, ou être accessibles aux étudiants en archéologie.

Une des deux sépultures découvertes à Baillif - février/mars 2024.

L’investigation maintenant terminée, le chantier de la passerelle peut débuter.

Une découverte "pas si exceptionnelle"

La récente découverte est intéressante, car elle constitue un témoignage du passé de l’archipel. C’est d’ailleurs la mission de l’INRAP de "sauvegarder des informations et vestiges archéologiques", rappelle  Fabrice Casagrande. Mais elle n’est "pas si exceptionnelle" qu’on pourrait le penser.

Pour comparer, l’archéologue rappelle l’incroyable mis au jour de 113 sépultures et vestiges d’une habitation précolombienne, à Petit-Pérou, entre septembre 2020 et avril 2021. Une telle concentration est inédite.

À LIRE AUSSI : 113 sépultures et les vestiges d'une habitation précolombienne découverts à Petit-Pérou – 27/04/2023.

Vue de la fouille de la zone 2, les Abymes, Petit-Pérou (Guadeloupe).

Aux Abymes, les ossements des Amérindiens étaient en position fœtale, tout comme ceux de Baillif. Cela témoigne des pratiques de l’époque.

Fouille manuelle de la sépulture 60, les Abymes, Petit-Pérou (Guadeloupe).
Sépulture 25 - Petit-Pérou, les Abymes (Guadeloupe), période troumassoïde (XIe-XIIIe siècles).

L’INRAP intervient régulièrement sur le territoire de la Guadeloupe, sur des sites de constructions publiques, ou sur des parcelles privées, tant chez des particuliers, qu’en amont de projets de lotissements ou encore d’érection d’hôtels.

Le coût des fouilles est à la charge de l’aménageur (les particuliers n’y sont pas soumis). Il s’élève globalement à plusieurs dizaines de milliers d’euros et dépend du nombre d’agents mobilisés, de la superficie explorée, du temps nécessaire à son traitement, ou encore de l’utilisation ou non d’engins.

À Baillif, la surface étudiée est relativement restreinte ; elle s’étend sur une soixantaine de mètres carrés, sur la rive droite de la rivière. Deux archéologues de l’INRAP ont été mobilisés, dans un premier temps ; ils ont été rejoints par deux collègues, une fois les sépultures découvertes.