La maire de Deshaies tient à clarifier les choses, quant aux problèmes d'assainissement, sources d’une pollution subies par les résidents et les usagers de la section Bas-Vent. Dans une lettre ouverte adressée aux habitants et datée du 14 mai 2024, Jeanny Marc pointe même du doigt des responsables des nuisances olfactives et environnementales, alors que les eaux usées normalement traitées dans la station d’épuration se déversent dans la rue.
À VOIR AUSSI : REPORTAGE. Deshaies : les nuisances olfactives de la station d'épuration de Bas-Vent – 09/05/2024.
Après la diffusion du reportage ci-dessus, la ville promet d’exposer "la vérité à ce sujet et de fournir une explication franche et honnête sur cette question".
Une station dont nul ne semble se soucier
La compétence assainissement n’est plus exercée par la commune. Elle a, en effet, été transférée à la communauté d’agglomération du Nord Basse-Terre (CANBT) en 2017, puis au Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), le 1er septembre 2021.
De fait, depuis sept ans, la commune n’intervient plus, ni dans les investissements, ni dans la gestion de l’eau et de l’assainissement. La commune n’a donc aucun levier pour remédier à la pollution de la zone de Bas-Vent, sauf à solliciter l’institution compétente.
Extrait de la lettre ouverte de Jeanny Marc – 14/05/2024.
Par ailleurs, la station d’épuration qui cause tant de désagrément est celle de l’hôtel Fort Royal, selon les termes d’un bail emphytéotique signé en 2007 ; considérée comme relevant d’un statut privé, elle ne fait pas partie des équipements transférés au SMGEAG.
Et, même si cette infrastructure était destinée à assurer l’assainissement de tout le secteur, dans les faits, seul le complexe hôtelier est relié à la station, explique la maire.
Depuis quelques années, cet ouvrage subit de nombreux dysfonctionnements et inquiète la commune, d’autant que ces manquements pourraient avoir des conséquences graves pour la santé des usagers, l’écosystème de la mangrove proche et pour l’économie locale.
Extrait de la lettre ouverte de Jeanny Marc – 14/05/2024.
Bas-Vent, il est vrai, abrite une zone artisanale et commerciale. Le coin est aussi très fréquenté par les touristes, du fait de la présence de nombreux biens proposés à la location saisonnière et de plages de sable blanc.
La commune tente de passer à l’action
Face à une situation qui s’enlise, sans que les gérants de la station d'épuration des eaux usées (STEP) ne bougent le petit doigt, la commune a décidé d’agir.
La commune a décidé de prendre un arrêté portant réquisition de la station d’épuration de Fort Royal et de résilier le bail emphytéotique, afin de transférer cet ouvrage au SMGEAG, pour sa prise en charge, sa mise en conformité, au regard des obligations réglementaires et sa gestion courante.
Extrait de la lettre ouverte de Jeanny Marc – 14/05/2024.
Cette procédure de déchéance fera l’objet d’une délibération du conseil municipal du 1er juin prochain, en vue d’un transfert au SMGEAG au 1er juillet.
Mais la société Langley Resort Guadeloupe, gestionnaire de l’hôtel Fort Royal, ne l’entend pas de cette oreille et conteste le transfert de la STEP dans le patrimoine du service public. L’entreprise assigne la commune devant le tribunal administratif.
En attendant, le problème n’est pas réglé, au grand dam des riverains...
Jeanny Marc termine sa lettre ouverte sur une note d’espoir, en évoquant un projet envisagé par le SMGEAG : la création d’une nouvelle station d’épuration de type FPV (filtres plantés de végétaux) pour traiter les eaux usées de la zone, y compris celles de l’hôtel. Le site d’implantation de cette nouvelle STEP est choisi ; il fait l’objet d’une négociation avec les services de l’Etat.