Immersion au sein du centre de secours de Petit-Bourg, à Rougeol, le soir du 24 décembre 2022.
Les pompiers des deux équipes de permanence, mobilisées pour 24 heures (de 8h à 8h), espéraient une nuit de Noël calme, qui leur permettrait de partager un bon repas ensemble. Mais c’était sans compter sur la folie des Hommes.
Les appels d’urgences se sont enchaînés, notamment pour des faits très graves : des fusillades survenues à Pointe-à-Pitre et Baie-Mahault.
19h36 : une première ambulance est appelée à intervenir au boulevard de l’Hôpital, à Pointe-à-Pitre, où un homme gisait dans le parking de la résidence "Georges Roux". Mais arrivés sur place, les sauveteurs n’ont pu que constater le décès de la victime, âgé d’une vingtaine d’années. L’homme, qui a reçu une balle en pleine tête, a été laissé sur place, à la charge des forces de l’ordre.
20h12 : sur le chemin du retour, cette même équipe a dû intervenir, pour porter secours à une adolescente de 16 ans, présentant une blessure légère, à la résidence "Mérosier Narbal", à Belcourt/Baie-Mahault.
20h42 : Les faits, à Baie-Mahault, étaient en fait bien plus graves. Un automobiliste aurait tiré, depuis sa voiture, sur plusieurs personnes du quartier qui, selon les premiers témoignages, partageaient un moment ensemble, pour Noël.
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La deuxième équipe a donc pris le chemin des lieux, pour y prendre en charge cinq blessés légers, ainsi qu’un trentenaire en arrêt cardio-respiratoire, qui finira par décéder.
Sur place, la tension était palpable et il n’est pas rare, en de telles circonstances, que les pompiers soient pris à partie et l’objet de pressions, par les proches des victimes. Difficile alors, pour eux, de jouer leur rôle sereinement.
C’est très compliqué. Les gendarmes ne sont pas arrivés tout de suite (...)
Anaïs Rabin, pompier réserviste, âgée de 20 ans
Une grosse opération qui ne laisse pas indifférent, même les pompiers régulièrement confrontés à des drames humains et au résultat de la violence qui sévit bien trop souvent dans l’archipel.
De quoi gâcher les festivités, d’autant que sur l’ensemble de l’année, le bilan est bien triste.
Il y a l’uniforme, mais il y a aussi l’humain derrière. Les images sont des fois très choquantes pour les jeunes. Et, ce soir, à leur retour, pendant le repas, on va discuter un peu, pour avoir leur ressenti et comprendre ce qui se passe dans leur tête (...). Je profite aussi de votre antenne pour lancer un appel aux Guadeloupéens : trop c’est trop ! (...)
Patrick Urcel, chef de garde du centre de secours de Petit-Bourg
D’autres interventions ont émaillé la nuit, notamment deux malaises cardiaques non mortels, à Baie-Mahault et Petit-Bourg.
Pour autant, les pompiers du centre de secours de Rougeol ont pris le temps de s’attabler, entre minuit et une heure du matin.
Nous sommes des Guadeloupéens, donc le pois d’angole et la viande de cochon sont de rigueur (...).
Patrick Urcel, chef de garde du centre de secours de Petit-Bourg
Car, malgré tout, c’est Noël. Ce moment de convivialité était nécessaire et puis "Sak vid paka tchienn doubout !"