L'œuvre magistrale du peintre guadeloupéen Guillaume Guillon Lethière, "l'une des grandes autorités de son temps" selon le critique de l'époque Charles Blanc, a sombré dans l'oubli de l'histoire. Sa production illustre le parcours d'un artiste confronté aux bouleversements de son époque et à la succession des régimes de la Révolution à la Monarchie de Juillet. La plupart des œuvres seront présentées à Paris pour la première fois depuis le XIXème siècle et les recherches nouvelles, menées tant pour l'exposition que le catalogue, permettront une véritable redécouverte de cet artiste. Après le Clark Institute dans le Massachussets de juin à octobre, c'est au tour du Musée du Louvre de présenter cette exposition.
De la Guadeloupe à Paris, Rouen et Rome
Né à Sainte-Anne en Guadeloupe en 1760, son père Pierre Guillon, est propriétaire d'une plantation et sa mère Marie-Françoise Pepeye, une esclave métisse. Conformément à la législation, Guillaume naît esclave. Il vient en France avec son père à l'âge de 14 ans, c'est le temps de l'apprentissage et des premières distinctions. Il a été formé à Rouen puis à Paris sous l'Ancien Régime et a connu une brillante carrière officielle ; directeur de l'Académie de France à Rome (1807-1816), élu membre de l'Institut en 1818, il fut professeur à l'école des Beaux-Arts à partir de 1819. Il fut aussi un grand collectionneur, conseiller de Lucien Bonaparte.
Une passion pour l'histoire antique
L'essentiel de son œuvre peint et dessiné a pour sujet l'histoire antique. Il débute dans le triomphe du néoclassicisme davidien et sa persévérance dans cette voix causera son discrédit à la fin des années 1820, alors que la jeune génération des artistes romantiques s'impose progressivement. L'héroïsme antique lui a inspiré deux immenses toiles de près de huit mètres de long conservées au Louvre, Brutus condamnant ses fils à mort, achevé à Rome en 1811, et La Mort de Virginie (1828).
Le serment des ancêtres
Le tableau le plus célèbre de Lethière, singulier dans son œuvre Le Serment des ancêtres (Port-au-Prince, musée du Panthéon national haïtien) manifeste contre l'esclavage et pour la liberté des peuples, est mis à l'honneur dans le parcours. Le peintre lui-même, sensible à la cause noire, l'offrira à la République d'Haïti.
Le Serment des ancêtres est un joyau national, porteur de l'âme et de l'Histoire du peuple haïtien. Cette œuvre éternelle est le symbole du combat du peintre contre l’esclavage et pour la liberté des peuples. Elle est, depuis son retour en mars 2012 après une deuxième restauration, conservée à la Banque de la République d’Haïti. Elle a été prêtée au Musée du Louvre pour l'exposition.
Le portrait de Lady Hamilton
Pour la petite histoire le Musée des beaux-arts de Saint-François a également prêté une œuvre du peintre pour la rétrospective, le portrait de Lady Hamilton peint en 1791 à Rome.